Ce petit coin de paradis mérite une catégorie à elle. Ici vous trouverez informations, renseignements ou photos des îles. Par extension on peut aussi y parler de toutes les îles 😎 Si vous voyez une autre catégorie plus adaptée pour y placer cette discussion je veux bien changer, car je suis moi-même hésitant ("Bivouac, actualités" ou "carnets de voyages", ou "livres, sites vidéos" ...
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Les mama du centre artisanal Te Pu Rima'i BoraBora i Te Fanau Tahi situé sur le quai de Vaitape à BB à l' arrivée des navettes venant du motu-aéroport.
Elles sont actuellement en détresse économique, obligées de brader leur artisanat par manque de clients et touristes et comptant sur la Saint-Valentin toute proche pour faire localement quelques affaires. Leur salaire de 80.000 FCP par mois ( 600 euros environ ) a fondu comme neige au soleil.
De fil en aiguille...Mentionner la mise en vente de cet atoll magnifique m' a aussi rappelé l' histoire exceptionnelle de l' atoll privé voisin de Nukutepipi, propriété du fantasque milliardaire québécois Guy Delaliberté, fondateur du Cirque du Soleil, dont la holding Lune Rouge a investi 12 millards de FCFP dans un projet de ' création ' artistique, ni résidence secondaire, ni refuge ultime en cas de catastrophe, à mi-chemin entre hôtel de luxe et laboratoire expérimental pour l' auto-suffisance alimentaire, la recherche sur les abeilles et les oiseaux endémiques, la préservation de tiki anciens dans un musée dédié...
L' idée est de faire de l' atoll un jardin d'Eden pour lui-même, ses proches et ses amis, et des touristes très haut de gamme, un jardin de luxe proposé tout de même à la location pour une somme de 130 millions de FCFP par semaine, à savoir un peu plus de 2 millions d'euros. A ce prix, les touristes, même fortunés, ne se bousculent pas pour venir passer des vacances à Nukutepipi. Ce n' est pas un problème pour le propriétaire qui ne mise pas sur la rentabilité.
L' atoll a un écosystème extraordinaire, à savoir une forêt primaire, une lentille d'eau saumâtre et l' absence d' une passe reliant lagon et océan.
Guy Delaliberté s'est crée un espace de luxe absolu, décrétant son propre fuseau horaire ( + 1 heure sur Tahiti ), logeant dans une immense villa à l' extrémité d'une rangée de 20 bungalows individuels, dans les tons gris et marron pour mettre en exergue le vert des plantes et le bleu du lagon, et ' oublier ' les habitations enfouies dans la végétation.
Paradoxe assumé par le propriétaire, l' installation reste surréaliste !
L' atoll est équipé comme un hôtel de luxe avec spa, restaurant, salle de jeu, mini-cinéma, salle de conférence, mini-bars installés à tous les croisements de sentiers parcourant l' atoll, un studio d'enregistrement dernier cri, un observatoire d'astronomie et - clou du spectacle - une cathédrale métallique de 9 mètres de haut...
Il faut du personnel pour gérer tout cela : 120 personnes quand le propriétaire et ses invités sont là, 40 en temps normal pour entretenir l' atoll à l' année. Chaque personne employée reste sur l' atoll de 6 à 8 semaines et a droit ensuite à une semaine de vacances à Tahiti. et l' on recommence ainsi jusqu'à être lassé de vivre aussi loin de tout, même au paradis...
Guy Delaliberté s'est exprimé devant les médias polynésiens à la fin des travaux pharaoniques entrepris sur l' atoll et vous trouverez son entretien ci-dessous.
On a lu et entendu beaucoup de choses sur votre projet à Nukutepipi. Notamment qu’il s’agissait d’un refuge pour votre famille et vos proches en cas de fin du monde. Qu’en est-il réellement et qu’avez-vous voulu faire ici ?
« Non, cette ligne de communication (le refuge en cas de fin du monde, NDLR) a été sortie de son contexte au milieu d’une longue entrevue. Mais mon idée à Nukutepipi, c’est d’avoir trouvé un lieu magique dans le monde et d’y avoir fait une création, au même titre que les spectacles que j’ai pu faire avec le Cirque du soleil. Je suis un créateur et nécessairement j’ai été inspiré lorsque j’ai mis les pieds ici pour la première fois. Je suis tombé amoureux de l’endroit. On a décidé de faire une ‘bulle’ qui va permettre aux gens de vivre des expériences uniques. Et surtout d’être en contact avec cet endroit au milieu de nulle part. (…) C’est une île qui est pure. Il n’y a pas de moustiques. Il n’y a pas de rats. Il n’y a pas de nonos. C’est assez unique dans le monde. Et cette île a un impact sur l’humain. Elle nous ramène les deux pieds sur terre. On prend un coup d’humilité et on se rend compte qu’on est un grain de sable au milieu de l’océan. Même après avoir construit tout ce qu’on a construit ici, si dame nature décide de tout nettoyer elle le fera… Ici, on a l’une des dernières forêts primaires des Tuamotu. On a une île où les oiseaux nichent à terre… Pour nous, cela va être un laboratoire. C’est un lieu où les gens vont pouvoir être en contact avec la nature pure. Et on espère en faire profiter le plus de monde possible à travers des expériences organisées par Lune Rouge qui est propriétaire de l’île. » Est-ce que c’est davantage un projet personnel qu’un projet hôtelier ?
« Ce n’est pas un hôtel. Ce n’est pas une maison privée non plus. On est dans ce ‘no man’s land’ qui est un peu exceptionnel. Et c’est la beauté de l’endroit. Elle n’est rien de ce qui existe à Tahiti. Ce n’est pas un projet personnel. Je suis un créateur. On a créé des spectacles, des lieux magiques, alors pour moi tout environnement est prétexte à création. Et j’ai traité ce projet là de la même façon que j’ai traité la création de nos spectacles. On propose une expérience émotionnelle, artistique, culinaire, de santé ou environnementale… Et il y a plusieurs projets reliés à l’île. On a cet objectif de faire de l’île un lieu où seront présents les tiki. On connaît l’histoire des tiki lors de la colonisation, avec l’église qui a détruit tous les tiki. Donc on a fait un exercice accompagné d’experts. On a identifié les techniques de création des tiki. On a été aux Marquises. On a travaillé avec des artistes contemporains. L’un des objectifs que j’ai ici, c’est d’en faire un sanctuaire de tiki qui va reprendre l’histoire des tiki tahitiens. Mais c’est un projet de dix à vingt ans… Par ailleurs, on a un projet avec les abeilles. L’île est pure. Elle n’est pas contaminée par les pesticides. On peut donc essayer de faire de croisements d’abeilles reines pour trouver des solutions génétiques pour contribuer à préserver les abeilles dans le monde. On a toute une série de petits projets comme ça qui ne sont pas seulement pour l’île ou pour la Polynésie, mais pour le reste de la planète. J’ai toujours été très sensible à la protection de l’environnement, donc pour moi c’était important de faire ça. » La préservation de l’environnement semble d’ailleurs être la partie la plus importante de ce projet ?
« Oui, les ressources premières sont précieuses. On est chanceux parce qu’on a une source d’eau naturelle. Et puis on récolte l’eau de pluie. On a bâti un système d’énergie avec le solaire. On est en train de préparer une autonomie alimentaire.
Le reste c’est principalement deux choses : le fuel pour les avions et puis quand on met le système de son à fond, ça demande un générateur. Mais ce sont les deux seules choses qui ne sont pas autonomes. » Pourquoi avez-vous choisi la Polynésie pour ce projet ?
« J’ai cherché dix ans un endroit pour faire un projet comme ça. Je savais que c’était dans le Pacifique. J’avais cette attraction pour le Pacifique. (…) Je me suis promené aux Fidji aux Cook ou à Hawaii. Et puis la première fois que je suis venu à Tahiti, c’était en 1992. C’était aux Tuamotu pour faire de la plongée sous-marine. Forcément avec l’affinité de la langue, j’ai continué à venir ici et j’ai vraiment bien connecté avec la culture tahitienne. Je pense qu’il y a une mentalité qui me plaît. Je me sens bien. Je me sens chez vous. Vers les années 2000, j’ai commencé à regarder plus sérieusement. A un moment donné, j’avais une opportunité pour un motu à vendre à Bora Bora. J’ai été passer une semaine là-bas et puis la négociation s’est mal passée. Et c’est là qu’un ami m’a dit : il y a une autre île mais elle est loin, très loin. Il m’a montré sur la carte et effectivement, c’est au milieu de nulle part… Et puis on est allé la voir et cette île là m’attendait. En 2007, j’ai acheté l’endroit. On a fait des études environnementales pendant trois ans. On a nettoyé l’île de ses espèces invasives. Parce qu’il y avait eu des interventions humaines. Après ça, on a fait un premier projet. Et juste après avoir commencé la construction, il y a une houle qui arrivée. Apparemment, elle arrive tous les 15 à 17 ans. Une houle qui passe par-dessus l’île. En voyant le parcours de cette vague, on s’est dit qu’on allait changer nos plans de construction. C’est comme si la nature nous avait averti. Elle nous avait dit : ' Peut-être que vous ne devriez pas construire comme ça ici ’. Ensuite, on a commencé la construction sur un chantier de six ans. Ca a été un long processus. Et enfin, on a fait des tests d’habitation. D’abord il y a trois ans et puis il y a quelques mois, pour valider l’organisation qu’on voulait mettre en place. Et là on est prêts. » Avec cette île, vous vous sentez un peu Robinson ?
« J’ai toujours été un Robinson. J’ai toujours aimé voyager. Tout ce que j’ai fait dans ma vie était justifié par ce désir de voyager. Quand on me demandait ce que je voulais faire dans ma vie à huit ans, certains répondaient médecin, docteur, plombier, architecte… Moi je disais que j’allai voyager. Donc ce lieu vient aussi satisfaire ce désir de voyage. Mais c’est aussi un outil de travail. C’est un lieu où on va pouvoir faire de la création. Ca va être utilisé à plusieurs sauces. Autant de façon corporative de mon côté, que pour le partager avec d’autres gens parce que je ne pourrai pas passer douze mois par an ici. Et puis j’aime bien penser que partager les trésors, ça fait partie des plaisirs de la vie. »
Luxe calme et volupté
La fameuse cathédrale métallique
salon-bar de réception des hôtes de l' atoll
Guy Delaliberté à Nukutepipi en compagnie d'un ingénieur agronome nommé directeur d'exploitation de l' atoll.
Magnifiques. Merci pour toutes ces infos et nouvelles, ça fait vraiment plaisir en cette période morose.
En revanche n'hésite pas à créer plusieurs discussions. C'est plus pratique plusieurs petites qu'une seule longue 😊
Quelques photos de cet atoll lointain, sauvage et inhabité..
Je vais vous faire désirer et rêver un moment..
Il me semble que vous en avez bien besoin pour des tas de raisons, sanitaires et climatiques.
L' atoll de Anuanurunga, situé dans les Tuamotu centre-ouest entre l' atoll de Anuanuraro, racheté par le Territoire en 2002 au roi de la perle local Robert Wan et celui de Nukutepipi, propriété du milliardaire canadien Guy Laliberté depuis 2007, vient d 'être mis en vente par une agence internationale. Prix sur demande.
Ces atolls font partie du groupe dit du Duc de Gloucester.
Pour compléter le document ci-dessus, un clin d'oeil aux amoureux de Ua Pou qui
ont pu admirer ses magnifiques pics ou espèrent bientôt visiter cette île magique des Marquises.
La compagnie Air Archipels quitte définitivement l' archipel après 40 années de bons et loyaux services ( ne vous inquiétez pas, une autre compagnie s'installe avec deux Twin-Otter neufs ) et l' un de ses pilotes a voulu à la fois marquer son départ de l' archipel et célébrer le chocolat noir fabriqué à partir de cacaoyers centenaires retrouvés sur l' île. Les tablettes de chocolat, offertes au personnel d'Air Tahiti , sont dans un emballage très spécial représentant les montagnes de Ua Pou et le Twin Otter.
Deux jeunes entrepreneurs, Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent, viennent de se lancer dans une aventure exceptionnelle : créer un chocolat de grande qualité à base de fèves de cacao locales. Ils vont commencer avec les cacaoyers déjà disponibles dans les îles de la Société et aux Marquises, mais ils comptent aussi créer une grande exploitation sur Tahiti pour créer tout un marché à l'export. En ce long week-end de Pâques, nous serons nombreux à chasser les œufs en chocolat dans les jardins de Polynésie. Toutes ces sucreries seront importées, pourtant nous avons un climat idéal pour faire pousser des cacaoyers, et donc produire notre propre chocolat... Quelques initiatives existent déjà, avec une petite production de chocolat made in fenua. Aux Marquises, Manfred Drechsler fabrique du chocolat artisanal à Ua Pou. Citons également les boutiques Couleur Cacao, qui ont lancé une petite production de chocolat local à l'occasion de leur dixième anniversaire. Mais il reste encore bien du travail avant que la Polynésie puisse être reconnue internationalement comme un producteur de chocolat. Mais ce jour pourrait arriver bientôt si le projet des jeunes entrepreneurs Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent se réalise. Morgane est une chocolatière qui a grandi à Tahiti, avec près de 10 ans d'expérience dans la transformation du cacao en chocolat de grande qualité. Elle a travaillé avec des Meilleurs Ouvriers de France, au Four Seasons de Genève, et a même été chef chocolatière pendant deux ans au Vietnam pour le faiseur de chocolat Marou. C'est là qu'elle a rencontré Manutea en 2016. Le jeune Polynésien de 24 ans est agronome et s'est spécialisé dans le cacaoyer, un arbre qu'il adore. Il est allé se former en Équateur dans des cacaoraies artisanales et industrielles et a épluché toutes les publications scientifiques concernant son arbre de prédilection.
Ces fèves de cacao récoltées localement sont destinées à fabriquer les premières tablettes de chocolat Tahiti Origin by M Depuis octobre 2018, les deux passionnés se sont retrouvés à Tahiti pour créer l'entreprise Tahiti Origin by M. Leur projet est très ambitieux : collecter les cabosses de cacao sur les arbres dispersés à travers la Polynésie et fabriquer un chocolat haut de gamme destiné à l'exportation. Beaucoup de cacaoyers avaient été plantés au fenua à la fin du 19ème siècle puis dans les années 1960, avant que la filière ne soit abandonnée. Ces arbres sont aujourd'hui gigantesques et offrent des récoltes abondantes, promesse de tonnes de chocolat pour ceux qui savent les transformer... D'ailleurs les deux jeunes entrepreneurs sont toujours à la recherche des cacaoyers qui poussent dans les jardins des particuliers. À long terme, ils veulent augmenter la production en coordonnant toute une nouvelle filière agricole Polynésienne, et en créant eux-mêmes une grande cacaoraie à Tahiti... Un projet qui pourrait prendre une demi-douzaine d'années pour se concrétiser entièrement.
Parole à : Morgane Richard-Bruant et Manutea Parent
Morgane a créé toute une unité de production de chocolat et un magasin au Vietnam. Une expérience qu'elle va mettre à profit à Tahiti. Qu'est-ce que Tahiti Origin by M ? Morgane : C'est une chocolaterie qui travaille directement la fève de cacao polynésienne pour créer du chocolat. Notre concept c'est d'aller directement à l'arbre. On récolte le fruit, on fermente les fèves de cacao, on les sèche, puis vient tout de travail de la fève de cacao pour la transformer en chocolat. On arrive à créer des tablettes de chocolat noir à 70%, et plus ça ira dans le temps, plus on augmentera le pourcentage. On essaye de développer la filière cacao ici. On essaye d'avoir un partenariat avec le gouvernement, les planteurs. Nous pouvons former ceux qui veulent planter des cacaoyers, avec un suivi vraiment pointu au niveau agronomie puis transformation. Manutea : L'idée est de reprendre une filière qui a été initiée dans les années 1960, puis qui a été avortée à cause du CEP. Du coup il y a des cacaoyers et d'anciennes cacaoraies en Polynésie. Beaucoup à Raiatea, Tahaa et aux Marquises. Donc pour l'instant on sert un petit peu de coopérative dans le sens où on va récolter les cabosses dans ces différentes îles. En parallèle, nous cherchons aussi à planter une terre de manière à avoir notre propre production et contrôler la qualité. Un cacaoyer germe en deux semaines, il faut attendre six mois pour le mettre en terre, puis si on les laisse tels quels, il faut trois à quatre ans avant les premières productions. A 6-7 ans, ils commencent vraiment à donner. Donc le projet de plantation est vraiment sur le long terme. En attendant, sur la partie transformation, nous allons travailler avec les arbres qu'il y a aujourd'hui, ce qui n'est pas négligeable. Vous avez donc créé une entreprise ?
Morgane : Oui, d'ailleurs nous venons de recevoir l'immatriculation de la SARL. Nous avons le local depuis la semaine dernière, donc nous sommes en pleins travaux. Normalement vous pourrez acheter notre chocolat en septembre, à la rentrée, dans les épiceries fines locales. Le chocolat va aussi être exporté en France, en Europe, et si tout va bien, au Japon dès l'année prochaine. Notre chocolat est un chocolat naturel. Il n'y a aucun ajout, pas de lécithine de soja, pas d'émulsifiants, pas de conservateurs. C'est un chocolat très naturel, fait avec des produits locaux au maximum... Je précise 'au maximum' parce qu'on aimerait bien avoir du sucre de canne cristallisé, mais il n'y en a pas encore, même si ça devrait venir. On travaille avec des particuliers qui ont des arbres chez eux pour acheter leurs cabosses, on est très proches de nos fournisseurs... C'est un petit peu l'âme de tous les Polynésiens que nous mettons dans nos chocolats. D'autres font déjà du chocolat local, qu'est-ce qui va vous différencier ?
Manutea : Il y a des productions, plutôt artisanales. Nous, nous ne voulons faire que du chocolat. Nous allons viser un marché local et international, avec des quantités bien supérieures. C'est pour ça que nous faisons venir des machines spécialisées. Morgane : Ce qui nous différencie également, c'est que c'est notre métier depuis un certain temps. Dans le premier travail de la fève, la fermentation et le séchage, on est vraiment dans notre travail de base. Donc nous allons avoir un cacao et un chocolat de très bonne qualité, parce que nous avons ces connaissances. Et d'ailleurs notre travail sera examiné au niveau international puisque nous participons à une certification, l'International Cocoa Awards qui récompense les meilleurs cacaos. On veut vraiment lancer la Polynésie sur la scène internationale dans la production de cacao. On a fait tester notre chocolat par des professionnels à Paris, le club Criollo, et il a été très apprécié. Il a des notes que l'on retrouve rarement dans le chocolat, des notes de pain grillé, de fruits secs caramélisés, un petit côté fruité que l'on n'a pas partout, et qui vient je pense du terroir. Justement, vous avez tous les deux de l'expérience dans des pays traditionnels du cacao, pourquoi revenir à Tahiti créer une filière à partir de zéro ?
Morgane : C'est justement l'intérêt, de sortir une nouvelle origine. On connait l'Afrique, l'Asie, l'Amérique Latine, qui sont productrices depuis longtemps. Ici il y a du cacao mais personne ne s'en sert vraiment. Mais nous, nous sommes passionnés de chocolat et nous sommes Polynésiens dans l'âme, donc on veut dire qu'il n'y a pas que les perles, le monoï et les jolies vahine. Il y a aussi du chocolat !
Merci, Denis pour tout ce que tu nous envoies.
Bien à toi.
Anne-Claire
Tout n' est pas idyllique à Tahiti, hélas...
Des braconniers de tortues marines, animaux si pacifiques et si vulnérables ( et si beaux quand on les croise sous l' eau des lagons ou dans les passes es atolls des Tuamotu ) ont sévi de nouveau à Tahiti, à Raiatea et à Bora-Bora, alors que se poursuit la saison de ponte des ces animaux qui pensent trouver refuge dans les lagons et sur les plages et terminent transpercées de flèches et agonisant, les poumons atteints, pendant des heures dans le lagon, ou décapitées ou éventrées.
Tout cela pour alimenter un trafic illégal mais juteux de viande, d'écailles et de carapaces. Le délit de chasse sous-marine à la tortue est puni d'une formidable amende d'un montant de plus de 120.000 euros, mais il demeure toujours des inconscients stupides pour chasser la tortue en douce.
il est dur de renoncer à une tradition ancienne de consommation de viande de tortue ( comme l' on consommait - et consomme encore - de la viande de chien dans les atolls ) alors que les protéines animales faisaient défaut. Mais tout cela c'est le passé, et la goélette apporte régulièrement la viande de boeuf et d'agneau de Nouvelle Zélande qui remplace avantageusement la viande de tortue, plutôt insipide.
La tradition pouvait se comprendre en temps de disette, plus maintenant.
Ceci dit, comment contrôler toutes les îles y compris les plus éloignées?
Au moins, dans les atolls éloignés, il n' existe pas de trafic organisé...
Bizarrerie de la nature, un cocotier à deux étages qui défie les lois de la pesanteur...
Vous allez peut-être vous demander quel genre d'arbre est le faux-tabac dont je parle plus haut...
On l' appelle aussi le veloutier à cause du duvet qui recouvre ses feuilles, ' tohunu ' ou ' tahinu ' en langue locale, Heliotropium foertherianum étant son nom savant.
C' est un arbre très commun dans les atolls aussi bien côté lagon que côté océan. Il produit des fleurs minuscules qui se transforment en petites baies verdâtres contenant des graines noires. C 'est une plante indigène de la famille des Boraginacées dont les vertus médicinales étaient et sont toujours appréciées des îliens, en particulier pour se soigner quand on a ingéré du poisson infecté par la ciguatera. il suffit d'une décoction faite avec des feuille un peu jaunies de cet arbre pour atténuer les démangeaisons et les effets internes de l' intoxication.
Les fruits également sont utilisés pour contrer les effets de la ' gratte '.
La plante a donc des propriétés détoxifiantes réelles et efficaces, et ceci grâce aux molécules d'acide rosmarinique de l' arbuste...
Le mot ne vous évoque rien ... ? eh bien si, une plante que l' on trouve communément chez nous, qui pousse dans les jardins méditerranéens et dans la garrigue, à savoir le romarin !
il faudrait le tester comme médecine traditionnelle anti-gratte. Encore faut-il en avoir du frais, à disposition sur un atoll... Compliqué !
On ne peut pas parler des arbres sans parler des lianes qui les tuent qu'ils soient grands et majestueux comme le pisonia ou plus modeste, tel le faux-tabac ou le kahaia ( Guettarda specious ) dont le bois est couramment utilisé par les Paumotu pour fabriquer des piliers de soutènement dans les maisons ou des pontons. En effet il résiste aux insectes et ne se dégrade pas - ou alors très lentement - dans l' eau de mer.
La plus courante de ces lianes est la ' Cassithia filiformis ' ou ' taino'a' en langue locale qui est un danger permanent car elle étouffe les arbres jusqu'à la mort de ceux-ci. L' ironie du sort, si l' on peut dire, est que l' arbre une fois mort, la liane ne peut plus accéder à la lumière des branches hautes et ne tarde pas elle-même à dépérir et mourrir.
Une victoire à double tranchant
donc...
Le pisonia dans tous ses états
Noddi au plumage abîmé par les baies gluantes du pisonia géant
Aujourd'hui, je vais vous parler de l' arbre iconique des Tuamotu ( mais aussi des Marquises Sud , des Australes ( à Tubuai par exemple ), des Îles sous le Vent et d'autres contrées tropicales dans le monde ( mais pas les Gambier ) , à la Réunion par exemple : Le pisonia géant, de son nom scientifique ' pisonia grandis ', ou, en langues locales, pua ou pu'ata ou pu'atea, ou encore pukatea ( en marquisien ) mais également ' cabbage tree ' en anglais et arbre à choux en français.
Cet arbre était le roi des forêts primaires semi-sèches d'antan qui recouvraient toute la grande région et dont on ne retrouve que des confetti sur des îles aux oiseaux dans certains atolls, au milieu du lagon comme à Tikehau ou sur un motu dédié comme à Ahe ou Kauehi où je vais séjourner d'ici un mois.
Le destin des forêts de pisonias a basculé au 19ème siècle.
Avant l' arrivée des missionnaires, les atolls des Tuamotu n' avaient pas la même apparence qu' aujourd'hui. Alors que les cocoteraies dominent le paysage, c'était le pisonia géant qui prospérait autrefois sur les atolls. La canopée d'une forêt de ces arbres parfois immenses dépassait largement la ligne haute des cocotiers, les branches hautes étant colonisées par des oiseaux de mer qui pouvaient y nicher en toute sécurité. Les fientes de ces oiseaux tombaient sur les feuilles basses des arbres qui, elles-mêmes, tombaient au sol pour se décomposer et former un épais tapis de terreau noir.
Ainsi les anciens Paumotu utilisaient - à bon escient à l' époque - cette terre très fertile pour faire pousser arbres fruitiers et autres racines dans des fosses à culture aménagées à cet effet et dont le fond baignait dans la lentille d'eau saumâtre qui se trouve sous chaque atoll ( je vous renvoie vers mon carnet sur Anaa chez VF où j' écris plus en détail sur ces fosses à culture très astucieuses mais, hélas, délaissées de nos jours par les Paumotu modernes ).
C 'est à Ahe que de trouve la plus belle - mais modeste - forêt de pisonias dont les bosquets sont peu à peu colonisés par les cocotiers qui profitent de leur sol fertile pour prospérer à l' ombre des branches hautes.
Le contact avec les missionnaires et les marchands de tout poil changea profondément la donne. Les habitants furent incités - sinon astreints- à se regrouper en villages tandis que les pu'atea furent coupés, leurs souches arrachées et les cocoteraies - source de profits rapides - plantées à l' infini telles qu' on les connait de nos jours. Le cocotier demeure un arbre précieux pour les Paumotu, mais sa monoculture a dramatiquement appauvri les sols, la flore et la faune. On ne peut que se lamenter sur l' aridité et la stérilité des sols dans les atolls et imaginer combien la vie a pu être difficile à une certaine époque pas si éloignée.
Le Pisonia Grandis est un arbre indigène, à savoir qu'il n' a pas été introduit par l' homme. Son aire de répartition est immense, de l' Afrique à l' Asie du SE, de l' Australie à Hawaii.
Les plus grands spécimens peuvent culminer à 30 mètres de hauteur et faire 5 mètres de circonférence. Cet arbre produit des fruits minuscules extrêmement collants dont la glu se colle aux pattes et au plumage des oiseaux, permettant aux arbres d'étaler en superficie leurs sites de germination mais aussi provoquant souvent la mort des oisillons voire des adultes dans l' impossibilité de voler et de se nourrir.
Le bois de pisonia est de piètre qualité car gorgé d'eau. Quand il sèche, il devient léger comme le balsa, ligneux et difficile à couper. Ses feuilles adultes sont comestibles pour les animaux; les plus jeunes feuilles peuvent être consommées par l' homme comme des épinards.
Pour ceux qui désirent en savoir davantage sur le Pisonia Grandis, il existe un livre : ' Guide des arbres de Polynésie française '. Ed. Au vent des Îles, par JF Butaud, J. Gérard, D. Guibal.
Ai sélectionné un article sur Ua Pou , l'île aux pics effilés et élancés ( on a de la chance quand on peut les voir et les photographier sur fond de ciel bleu car ils sont souvent cachés par les nuages ) pour les inconditionnels de Ua Pou ( il y en a qui trouvent que c'est la plus belle et la plus élégante des îles marquisiennes ) et pour les futurs visiteurs à qui on recommande un petit séjour sur place dans la pension de Jérôme et de Eliza bien sur.
Tahiti, le 8 février 2021 – Le prix de la photographie sous-marine de l'année a été remis à la Californienne Renée Capozzola pour un cliché pris dans le lagon de Moorea en août dernier !
Le premier prix du concours du meilleur photographe sous-marin de l’année (UPY 2021) a été décerné lundi à la photographe californienne Renée Capozzola pour un cliché intitulé "Shark’s Skylight" pris en août dernier… dans le lagon de Moorea, comme le relèvent nos confrères de Radio 1."Avec la publicité qui sera faite autour de cette photo, mon espoir est de sensibiliser sur la protection dont les requins ont besoin, à travers le monde", souligne la photographe à l’annonce de cette distinction.
Quatorzaine imposée pour les arrivants à partir de mardi prochain 9 février 2021
Tahiti, le 5 février - Un conseil des ministres extraordinaire a adopté ce vendredi matin un arrêté portant sur les mesures d’entrée et de surveillance sanitaire des arrivants en Polynésie française. Il entrera en vigueur le mardi 9 février à minuit, imposant une quatorzaine stricte à toute personne entrant au fenua, dans un site dédié ou à domicile. Mardi, le Pays, lors de l'annonce de ses mesures d’urgence, avait déclaré vouloir renforcer le contrôle aux frontières des rares voyageurs pouvant se rendre en Polynésie française pour "motif impérieux", en remettant notamment en place une quatorzaine en isolement strict, en site dédié à Tahiti et aux frais des passagers. Ce vendredi, un conseil des ministres extraordinaire a adopté un arrêté portant sur les mesures d’entrée et de surveillance sanitaire des arrivants au fenua et imposant à partir du mardi 9 février à minuit, une quatorzaine stricte à toute personne entrant sur le territoire. La quatorzaine pourra s’effectuer à domicile si la personne atteste qu’elle peut être réalisée sans risque de croiser une tierce personne et sans risque de contamination. Elle doit également disposer d’un véhicule personnel à l’arrivée pour se rendre à domicile sans contact, ou avoir retenu un véhicule de transport sanitaire agréé. La quatorzaine à domicile est soumise à une demande préalable, au moins 72 heures avant le départ, accompagnée des pièces justificatives, adressée au Haut-commissariat de la République en Polynésie française. Sinon, la quatorzaine sera effectuée dans un établissement hôtelier dédié, aux frais de la personne, dans la limite d’un forfait journalier. Les personnes arrivant par voie maritime, à bord d’un navire de cinq personnes et plus, exécutent leur quatorzaine à bord. Pour tous les entrants, un test RT-PCR sera effectué 12 jours après l’arrivée. S’il est négatif, la personne pourra quitter l’isolement au bout de quatorze jours. Un aménagement de la quatorzaine est possible pour les professionnels de santé nécessaires à la lutte contre la covid ou pour les personnels dont l’intervention est nécessaire à la réparation d’un matériel indispensable, à la sécurité ou à la vie de la population. Un test RT-PCR négatif effectué 72 heures avant l’embarquement vers la Polynésie française reste exigé.
Bien vu, c'est Fangataufa, connue dans les années 60 pour bien autre chose... Elle fut en effet le théâtre de 4 explosions nucléaires aériennes entre 1966 et 1970. Le 24 août 1968 eut lieu le premier essai français de la bombe H, opération Canopus, 2.6 mégatonnes, c'est à dire 150 fois la puissance de la bombe qui détruisit Hiroshima.
Depuis l' atoll est sous surveillance et interdit d'accès sauf à des missions bien précises. La végétation typique des Tuamotu a repris le dessus et la faune aviaire est la plus riche que l' on peut trouver sur une île aux oiseaux. Et le plus incroyable après toutes ces explosions est que la radioactivité y est actuellement négligeable.
Revenons aux îles aux oiseaux où, selon la saison ou le type d'habitat, certains oiseaux de mer peuvent être ou non présents.
Il y a cinq oiseaux emblématiques :
--- Le fou à pieds rouges ( Sula sula ) qui vit en couple. la femelle pond un oeuf unique qui sera couvé 45 jours alors que le bébé tout en plumes blanches ébouriffées ( qui devient énorme ) sera nourri sans relâche une centaine de jours avant de pouvoir prendre son envol.
--- La sterne huppée ( Sterna bergii ) qui est un oiseau typique des Tuamotu et se nourrit de petits poissons dans les eaux peu profondes des lagons.
--- Le noddi brun ( Anous Stolidus ), oiseau très bruyant de jour comme de nuit, répandu dans le pacifique, mais aussi l' Atlantique et l' océan Indien.
--- La gygis blanche ( Gygis Alba ) belle, fine et d'un blanc immaculé. C' est un oiseau qui ne construit pas de nid mais pose son oeuf sur une fourche de branche ou au sol. on aura deviné que les accidents sont courants...
--- L' aigrette sacrée ( Egretta sacra ) grise ou blanche que l' on voit pêcher en solitaire sur les plages et les platiers.
On pourrait parler plus avant des oiseaux de Polynésie. Deux experts reconnus l' ont fait dans un ouvrage de référence : ' Oiseaux du Fenua ' par Anne Gouni et Thierry Zysman aux éditions Thétys.
Moana
Allez, je vous donne deux indices ...
Premier indice : un député français du nom de Bataille avait suggéré il y a quelques années de cela que des étudiants polynésiens fussent formés à une mission de surveillance des écosystèmes de Mururoa et du mystérieux atoll dont nous parlons..
Deuxième indice : Certains avaient France comme à Tahiti avaient crument suggéré que Muruora et notre mystérieux atoll soient transformés en gigantesques poubelles, réceptacles des ordures de Tahiti et de Moorea sans même prendre le temps de calculer le coût économique d'une telle décision, ni d'évaluer le désastre écologique s' en écoulant. Une autre époque sans doute ...
En attendant les lieux sont propres et la faune aviaire y prospère d'autant plus que l' endroit est désert depuis 25 ans... Ceci est le troisième indice en fait !
Moana
Vous savez peut-être que plusieurs atolls des Tuamotu sont agrémentés d'une île aux oiseaux, endroit magique où l' homme n' est pas considéré comme un prédateur et peut donc s'approcher très près d'oiseaux perchés dans les branches des arbres, couvant leurs oeufs ou leurs oisillons entre des pierres de corail au sol.
Ces îles que l' on visite avec précaution sont des trésors qu'il convient de protéger. Heureusement les visites sont peu nombreuses et ne risquent pas d'abîmer le sol ni les arbres et arbustes, ni d'effrayer à la longue les oiseaux qui y nichent et vivent en toute liberté et sécurité, d'autant que chats et rats sont bannis de ces endroits uniques.
Je vous renvoie à mon carnet sur Ahe, atoll le plus septentrional des Tuamotu Nord sur lequel se trouve sans doute la plus belle île aux oiseaux, qui, en fait, occupe un motu d'environ 1km2. Egalement une île aux oiseaux à Tikehau et à Kauehi, et bien d'autre atolls.
Ces îles sont densément plantées d'arbres et arbustes divers, dont le plus grand est le Pisonia Grandis ou ' pu'atea ' en tahitien, qui domine tous les autres et sert de refuge aux oiseaux de mer qui y nichent en sécurité. Les feuilles et branches mortes se mélangent aux déjections des oiseaux pour faire un humus noir parfois très épais qui enrichit le sol et permet à d'autres arbustes de pousser.
Vous me direz, comment ces îlots ont -ils pu prospérer dans des atolls dont le sol est généralement pauvre et aride ?
Voici la réponse : ce sont des lambeaux minuscules ( que l' on retrouve des Tuamotu jusqu'aux Marquises et à Rapa ) de la forêt tropicale semi-sèche qui recouvrait ces régions il y a des millions d'années, un biotope exceptionnel et pas assez surveillé par les experts du monde entier, malgré quelques missions prolongées ces dernières vingt ou trente années. La tentation est grande de prélever de l' humus pour son propre jardin sans se rendre compte que l' on commence à détruire un pan de nature unique et précieux; et il est impossible de contrôler les allée et venues de quelques centaines de résidents dispersés parfois sur des kilomètres carrés.
Question maintenant : quelle est la plus belle île aux oiseaux des Tuamotu et donc de Polynésie ? il est situé dans les Tuamotu-centre et Gambier, interdit d'accès car sous surveillance militaire française... Eh non, ce n' est pas Mururoa !
Je vais vous laisser réfléchir...
En attendant, je joins la photo d'un superbe phaéton à brins rouges ( Phaethon rubricauda ) prise sur ce petit atoll devenu l' une des plus riches réserves d'oiseaux marins de la Polynésie Française.
Quelques-unes des magnifiques photos qui agrémentent le livre de Philippe BACCHET.
Philippe, quand et comment (ou pourquoi) es-tu arrivé en Polynésie française ?
“C’est une longue histoire… durant toute ma jeunesse, je me suis nourri de romans d’aventures, d’explorations, d’expéditions aux quatre coins du monde. C’était l’époque du commandant Cousteau et de l’odyssée de la Calypso, il y avait toute une collection de livres que j’avais lus et relus cent fois, puis ce film en noir et blanc qui fut une véritable révélation “Le monde du silence” qui m’a fait découvrir l’univers corallien. Il y avait aussi ces conférences itinérantes qui s’appelaient “Connaissance du Monde” ; je n’en ratais aucune ; puis bien sûr le Festival mondial de l’image sous-marine d’Antibes. Bref, je l’ignorais encore, mais tout ça était en train de me préparer à partir loin, très loin.
À 17 ans, j’étais déjà autodidacte dans plusieurs domaines, l’électronique, la musique, la photographie… J’ai passé haut-la-main un baccalauréat de technicien en électronique, puis j’ai fait mon service militaire en montagne, dans les Transmissions. Quelques mois plus tard, je rentrais comme musicien dans un orchestre niçois. Nous animions des soirées de gala dans les palaces de la côte d’Azur, de Monaco jusqu’au Var où durant trois années nous fûmes notamment attitrés au Grand Casino de Saint-Raphaël.
Inutile de dire qu’après tout ça, je m’étais mis un beau pécule de côté ; j’allais bientôt pouvoir partir et aller au bout de mes rêves. J’ai beaucoup voyagé, mais j’ai commencé par la facilité : la Polynésie française. C’était en 1982.”
Tu étais déjà plongeur,où as-tu découvert cette activité à Tahiti ?
“Vers l’âge de 16 ans, je m’étais déjà initié “à la sauvage” au Cap d’Antibes, où un ami me prêtait ses bouteilles de plongée. Mais c’est une fois arrivé en Polynésie que je me suis inscrit dans un club fédéral pour y suivre une formation sérieuse. C’est une discipline rigoureuse, il ne faut pas brûler les étapes.”
Quel niveau as-tu atteint ?
“J’ai obtenu ce que l’on appelait à l’époque le 2ème échelon (qui correspond au niveau 4 d’aujourd’hui), puis j’ai passé le brevet fédéral d’initiateur.”
Tu n’as jamais souhaité faire de la plongée ta profession, à savoir devenir moniteur d’État ?
“Non, mon métier c’était l’électronique ; un métier vraiment passionnant que j’exerçais dans un atelier à Papeete. L’enseignement de la plongée ne m’intéressait pas. La plongée n’était pas une fin en soi ; c’était pour moi un moyen d’explorer ce nouvel univers et d’y faire des découvertes.”
Il y avait beaucoup de plongeurs, mais peu de photographes sous-marins (au moins au temps de l’argentique). Comment en es-tu venu à la photo sous-marine ?
“Eh bien c’est là que je voulais en venir. Je pratiquais déjà la photographie, c’était une de mes passions. L’univers marin me fascinait depuis mon enfance et tous les documentaires que j’avais suivis au Festival mondial d’Antibes m’avaient tracé la voie. Je me plaisais à découvrir, photographier, témoigner, raconter… Et maintenant que j’avais acquis un bon niveau de plongeur,“il n’y avait plus qu’à…”, comme on le dit souvent.”
Sais-tu combien tu as de plongées “au compteur” ? Dont combien de nuits ?
“Durant la formation, chaque plongée est consignée dans un carnet : lieu, profondeur, durée… elle est tamponnée et signée par le moniteur instructeur. Une fois que j’ai été autonome, j’ai acheté mon propre matériel (bi-bouteille à cette époque là) et je me suis mis à faire de plus en plus de plongées d’exploration hors-club. Mes carnets de plongées étaient pleins et j’ai arrêté de compter. Au total, sur 25 ans, j’ai dû en faire pas loin de 3 000, peut-être plus, je ne sais pas… ce n’était pas régulier. Les plongées de nuit en représentent une belle part ; à la louche je dirais deux ou trois cents. Mais ce n’est pas exceptionnel, je faisais ça par passion. Un moniteur de plongée, lui, peut être amené à faire quinze à vingt plongées par semaine.”
Comment as-tu débuté dans la publication de tes photos ? Presse, livres ?
“En dehors du milieu de la presse écrite, peu de gens pratiquaient la photo dans les années 80’ - 90’, et très rares étaient ceux qui s’adonnaient à la photographie sous-marine. C’était à la fois marginal et très contraignant ; il fallait être bon plongeur, savoir utiliser et entretenir un matériel très onéreux et y consacrer beaucoup de temps. Il y avait beaucoup de casse sur le matériel. Heureusement, j’étais capable de le réparer moi-même. Et je ne parle pas des films qu’il fallait acheter (le plus souvent hors du territoire), puis ensuite envoyer au développement. Mais j’aimais ça. Des journalistes et éditeurs m’ont repéré et j’ai commencé à publier. J’ai eu la chance de toujours rencontrer les bonnes personnes au bon moment.”
Avec des livres comme Îles et Lumières, tu as clairement misé davantage sur la photo “terrestre” que sur la photo sous-marine. Les deux activités te paraissaient se compléter ?
“Cet ouvrage est né d’une idée de Christian Robert, en 1997, qui avait vu mes reportages magazine dans les avions. Il m’a appelé un jour pour me proposer ce projet. J’avais déjà une photothèque conséquente que je m’étais constituée au gré de mes voyages et missions dans les archipels. Je faisais aussi de la photo aérienne par divers moyens, hélico, avion privé, ULM, et je m’intéressais aux spécificités de la vie dans les îles. L’objectif était de montrer la Polynésie française sous ses aspects les plus flatteurs et je pense que le milieu sous-marin y occupe une bonne place. C’est un livre qui a vraiment très bien marché, il a été réédité et se vend encore bien aujourd’hui.”
Tu as une île préférée, là où tu passerais volontiers deux ou trois semaines tranquille ?
“J’ai eu la chance de partir en expédition ou en mission dans des îles difficiles d’accès. J’adore ces endroits là. Eiao, Makatea, Bellingshausen, Mehetia, Maiao, Rapa… et plus récemment Pitcairn. Mais c’est Ua Huka, dans le nord des Marquises qui a ma préférence. Par contre, ce n’est pas pour y rester tranquille… Je ne tiens pas en place. Il faut que je nage, que je marche, que je grimpe, bref… je veux aller partout. Et Ua Huka est un sacré beau terrain de jeu. Depuis 1991, j’y suis allé plusieurs fois et je m’y sens bien. L’île a peu changé et l’accueil y est toujours très chaleureux.”
Quel est ton meilleur souvenir sous l’eau ? Si tu ne devais garder qu’une seule plongée, raconte-nous celle que tu choisirais.
“Question piège ! (rires) Je me souviens d’avoir clamé un jour en remontant sur le zodiac : “Je viens de faire la plus belle plongée de ma vie !”. C’était à la fin des années 80’ à Rangiroa, une plongée en dérive dans la passe d’Avatoru par courant rentrant. Cette plongée s’appelait Mauta, elle consistait à se laisser dériver depuis la passe jusqu’à assez loin dans le lagon. Cela fait très longtemps que cette plongée ne se fait plus, le site est maintenant protégé il me semble. Ce jour là, ce fut extraordinaire. Bien sûr, il y en a eu bien d’autres après, un peu partout, à Fakarava sud par exemple… C’est très difficile de les classer.”
Et si tu ne devais garder qu’une seule photo ?
“Un groupe de raies manta au lever du jour dans le lagon de Bora Bora. Super lumière, superbe ballet… Cette photo a elle aussi une histoire, mais ça fera l’objet d’une autre discussion.”
On passe parfois des moments difficiles sous l’eau. Tes pires souvenirs ? As-tu, parfois, eu le sentiment d’être allé trop loin, trop profond ?
“Il fut un temps où nous faisions des “profondes” sur le tombant de Arue. Nous descendions bien au-delà des 70 mètres. Nous faisions ça à 5 ou 6 heures du matin avant d’aller travailler. Mais ça n’a pas duré très longtemps.
En revanche, “trop loin” oui… Je n’oublierai jamais cette plongée spéléo à Makatea en 1993 où je suis successivement tombé en panne d’éclairage, puis d’air…”
Le monde sous-marin a révélé bien des secrets et tu as toi-même réalisé nombre de clichés qui ont été des “exclusivités”. Que conseillerais-tu à un jeune désireux de se lancer ? Les photos de poissons, de méduses ou de coraux, on en a vu et revu...
“Eh bien, sous l’eau, c’est principalement à la photographie naturaliste et animalière que l’on s’adonne. Ce qui n’a pas empêché certains de se lancer avec succès dans la photo d’art avec des mannequins ou des mises en scène diverses. Dans des domaines plus techniques, la photo sous-marine est un outil important ; je pense à l’archéologie marine ou encore l’étude et le suivi des récifs coralliens. La particularité du milieu sous-marin c’est que les couleurs disparaissent rapidement avec la profondeur. Il suffit de descendre de quelques mètres pour n’avoir plus que du bleu. Pour révéler les véritables couleurs, il est alors nécessaire d’apporter un éclairage supplémentaire, savamment orienté et dosé, avec des projecteurs ou des flashes. Mon conseil serait déjà de se perfectionner sur ces techniques à l’air libre. Après, sous l’eau, ce ne sont pas les sujets qui manquent.”
Décris-nous les eaux des Marquises, par rapport à celle des Tuamotu, des îles de la Société, des Australes ? Qu’est-ce qui fait l’identité sous-marine de chaque archipel (en mettant Rapa à part).
“Les îles Marquises sont baignées par des eaux très riches en nutriments divers, et notamment en phytoplancton, ce qui fait qu’elles ne semblent pas claires. De plus, les falaises tombent à-pic dans l’océan et la profondeur est rapidement importante. Au final, à l’exception de quelques baies, c’est un environnement plutôt sombre pour ne pas dire glauque. D’ailleurs, on voit bien cette couleur émeraude de l’eau lorsqu’on longe le littoral en bateau. En revanche, la vie marine foisonne, c’est vraiment impressionnant. La biodiversité y est exceptionnelle avec un taux d’endémisme très élevé (environ 15 % pour les poissons). Je me suis régalé à travailler là-bas. Dans les îles de la Société, c’est très variable selon que l’on se trouve, ou non, près des villes et des passes. Les zones urbanisées engendrent non seulement de la pollution mais aussi un lessivage des terres lors des fortes pluies. Il y a une grande variété de biotopes autour des îles hautes, chacun avec sa propre diversité. D’une manière générale, le milieu marin autour de Tahiti a beaucoup souffert ces dernières décennies. Aujourd’hui, des zones protégées sont mises en place dans divers endroits et leur efficacité est remarquable. La côte Est, et surtout la Presqu’île, me semblent encore épargnées.
Aux îles Australes, la faune marine (poissons et invertébrés) est bien moins riche, notamment autour de Rurutu et Rimatara où les récifs offrent peu d’habitats favorables au développement des juvéniles. En revanche, les eaux y sont cristallines.
Quant aux atolls des Tuamotu, ils représentent un véritable Eden… Des eaux claires, un écosystème corallien florissant et une faune abondante et variée. Même chose aux Gambier, un véritable enchantement.”
Nous avons mis Rapa à part. Parle-nous de ce que l’on peut y faire et y voir sous l’eau ? En termes d’ambiance sous-marine, c’est proche de l’île de Pâques, de Pitcairn ? On est encore en Polynésie, comparé aux cinq archipels ou est-ce déjà un monde à part ?
“Rapa (et les îlots de Marotiri), c’est très particulier… C’est la “frontière” sud de la Polynésie française. On y parvient au terme d’un long voyage en bateau. Au-delà, vers le sud, il n’y a plus rien avant l’Antarctique. J’ai adoré Rapa ; là-bas tout est différent. Il n’y a pas de lagon et la côte est battue par les puissantes houles qui arrivent du grand sud. Je n’y ai pas séjourné longtemps, mais j’ai eu l’autorisation d’y plonger. Depuis longtemps, les habitants, et notamment le Conseil des sages, ont instauré un rahui pour assurer la protection des ressources (interdiction – ou plutôt autorisation – temporaire de pêche sur certaines zones). Les règles sont strictes mais elles ont prouvé leur efficacité. Gare aux contrevenants ! L’eau y est froide et les coraux sont moins abondants. En revanche ils forment par endroits des paysages sous-marins exceptionnels. Et puis Rapa, comme tous les “bouts du monde”, c’est une biodiversité exceptionnelle, avec, là aussi, un taux d’endémisme remarquable et des espèces uniques. Encore un très beau terrain de jeu pour les biologistes de tout poil.”
Revenons à nos coquillages. Tu as sans doute la plus riche collection de photos de coquillages vivants de Polynésie française. Comment fait-on pour “attraper” autant d’espèces ?
“La grande majorité de ces mollusques sont actifs la nuit. Dans la journée, ils sont recroquevillés dans leur coquille et le plus souvent cachés sous les coraux, voire enfouis dans les sédiments. Si on veut les observer et les photographier vivants dans leur milieu naturel, c’est la nuit que ça se passe. Et là c’est un régal.”
Collectionnes-tu les coquillages toi-même ? Ou bien te contentes-tu des clichés ?
“Je ne suis pas collectionneur. Ce qui ne m’a pas empêché, à quelques reprises, de ramasser un ou deux jolis spécimens. Mais c’est vrai, j’ai plutôt une importante photothèque sur ce thème.”
Tu as bien sûr un coquillage préféré. Lequel est-ce ?
“J’ai toujours été admiratif devant les porcelaines. Ce sont des espèces qui peuvent être très colorées et présenter de délicats ornements. Ce n’est pas pour rien qu’elles ont pu servir de monnaie ou de parure dans les temps anciens un peu partout en Océanie. La nuit, elles sortent de leur cachette pour aller “brouter” les petites algues dont elles se nourrissent. Elles se recouvrent alors de leur manteau, lui aussi coloré et souvent doté de papilles. Un manteau qu’elles rétractent si on les dérange avec un faisceau lumineux. Il faut utiliser une lumière faible et diffuse pour les observer et les photographier. Parmi toutes, j’ai forcément un penchant pour les plus rares ; l’aurantium, la cumingii, la bernardi…”
Pour illustrer une grande partie du livre sur les mollusques, tu as mis combien de temps pour réaliser les photos “hors d’eau”, les spécimens montrés sous toutes les coutures ? Il ne suffisait pas d’ailleurs de les photographier, il fallait ensuite assembler les photographies.
“Ça a été très long… Ce travail s’est étalé sur une dizaine d’années. Au début, franchement, j’ai pataugé… Les résultats ne me convenaient pas. Il m’a fallu trouver mille et une astuces pour parvenir au final à ce que vous voyez sur ce livre. C’est Michel Muraton, collectionneur et initiateur de ce projet, qui a eu l’idée géniale, après bien des recherches, de commander en Autriche une “boîte à lumières” de fabrication artisanale, petit studio photographique avec éclairages latéraux diffus, orientables et réglables en intensité. Les premiers essais se sont montrés encourageants. Puis j’ai rapidement décidé de faire toutes les prises de vues de nuit, dans le noir total, afin de m’affranchir de toute lumière indésirable et parasite. Tout ceci bien évidemment au trépied, avec des temps de pose variant de 10 à 45 secondes, en lien direct avec mon ordinateur. Merci la photographie numérique ! Il fallait souvent s’y reprendre à deux, voire trois fois, pour bien mettre en évidence la “sculpture” de chaque coquille. Les minuscules coquilles, dont la taille n’était quelquefois que de trois ou quatre millimètres, ont nécessité un objectif plus adapté et un assemblage de bagues intermédiaires. Chaque session photo s’achevait au milieu de la nuit et représentait dix à quinze coquillages seulement.
Il me fallut ensuite détourer délicatement chacune des photos en respectant les moindres détails, puis travailler la colorimétrie sur un écran calibré avant de procéder aux assemblages et à la mise à l’échelle. Un boulot fastidieux sur environ 5 000 photos. Sincèrement, si c’était à refaire, je pense que je passerais mon tour…
Mais le résultat est là, j’ai atteint mon objectif. Peu d’ouvrages sur les coquillages sont parvenus à une telle qualité sur les images.”
Dans ce livre sur les mollusques, tu as réalisé un énorme travail en termes d’iconographie (1 909 photos ! soit les trois-quarts des clichés), mais tu n’apparais pas parmi les auteurs. Comment tu situes toi-même ton rôle dans la mesure où tu es, au moins pour l’iconographie, la clé de voûte de l’ouvrage ?
“Je faisais partie des auteurs. Enfin… de ce qu’il en restait. Mais l’absence de collégialité a eu raison de ma patience. Je me suis retiré en 2015.
Puis j’ai appris avec satisfaction que Michel Boutet avait rejoint le groupe quelque temps plus tard. J’avais longtemps milité pour cela, mais en vain… Par son expertise et sa sagesse, il a permis à ce projet d’aboutir.”
Comment juges-tu aujourd’hui le biotope polynésien pour les coquillages ? Inchangé depuis tes premières plongées, modifié, bouleversé (en bien ou en mal) ?
“J’ai constaté en 38 ans une nette dégradation du milieu naturel, j’en parlais précédemment. La pollution, les apports terrigènes dans les lagons et les passes, la destruction des coraux par les intempéries mais aussi par l’anthropisation du littoral : dragages, remblais, pontons… Les espèces inféodées aux lagons et au récif-barrière sont en déclin. Sans doute aussi, l’introduction et la prolifération d’espèces envahissantes, comme le burgau et le troca, ont eu un impact négatif sur ces écosystèmes. Il y a beaucoup d’espèces de petite taille que l’on ne voit quasiment plus aujourd’hui, du moins autour de Tahiti.”
Compte-tenu des changements de mentalités ces dernières années vis-à-vis de l’environnement, la collection de coquillages telle qu’on la pratiquait (et qu’on la pratique encore, mais moins qu’avant) est-elle à tes yeux à proscrire ?
‘Depuis l’époque des grandes expéditions autour du monde, les collections ont été nécessaires à la connaissance. Sans les collections que l’on retrouve aujourd’hui dans les musées naturalistes du monde entier, on ne comprendrait pas la nature, son fonctionnement et son évolution. Ce sont les collections privées et le commerce des espèces qui, au fil du temps, ont pu donner lieu à des abus. On se souvient tous de cet engouement pour les coquillages dans les années 60’ à 80’, où certes les préoccupations environnementales n’étaient pas d’actualité, mais qui a donné lieu à de véritables razzias sur certaines espèces. Aujourd’hui effectivement, les mentalités ont changé et tout ça ce n’est plus au goût du jour, ce serait même plutôt mal vu.”
Et maintenant… d’autres projets ?
“Bien sûr, les projets ça fait aller de l’avant, quels qu’ils soient. C’est important dans la vie. Actuellement, je complète un travail photographique sur les atolls. Et puis je continue à enrichir ma photothèque sur les nudibranches. Tout ça prendra forme tôt ou tard.”
Bonjour,
je vous ai parlé un peu plus haut de la sortie du livre tout à fait exceptionnel sur les 'Mollusques marins de Polynésie française ' édité par l' Université de la PF et la maison d'édition ' Au vent des îles '.
Celui sans qui cet ouvrage n' aurait jamais été publié est un photographe de grand talent connu sur le Territoire et au delà pour d'autres ouvrages pour la parution desquels il a joué un rôle majeur : Le ' Guide des récifs coralliens de Tahiti et ses Îles ', le ' Guide des Poissons de Tahiti et ses Îles ', enfin le superbe ouvrage ' Iles et Lumières '. Je veux parler de Philippe BACCHET, infatigable et efficace photographe sur terre comme sous l' eau.
Je vous propose de le rencontrer par l' entremise d'un entretien accordé récemment à une revue et dans lequel il parle de son travail, de ses découvertes, de ses émotions et de sa passion.
A suivre donc.
Moana
Au 19ème siècle, la population de Rapa fut décimée par l' introduction de maladie exogènes, telle la variole ou la rougeole. De 2000 habitants, elle passa brutalement à à peine 300 en quelques années.
La petite baie de Hiri
Le Huahine fut l' un des 4 navires de la compagnie créée.
Un charbon né d'un lac selon la carte géologique de l'île dressée en 1868.
Un article glané qui intéressera les inconditionnels de la petite histoire polynésienne...
1866 : Les fausses promesses du charbon de Rapa
Tahiti, le 21 janvier 2021 - 1866 : Qui se souvient encore de la glorieuse “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” créée le 15 juin 1866 et qui a marqué par la présence dans les eaux polynésiennes de ses bateaux la petite histoire des Etablissements français de l’Océanie ? Plus grand monde sans doute et c’est bien dommage, car cette société ambitieuse –mais qui ne fut jamais rentable– faillit bien changer la face d’au moins une de nos îles, la petite Rapa, à l’extrême sud-est de l’actuelle Polynésie française. Un homme joua un rôle déterminant dans cette aventure maritime, le capitaine anglais John Vine Hall (1813- fin décembre 1892). En 1866, les liaisons entre les colonies britanniques d’Australie et de Nouvelle-Zélande et la lointaine mère patrie étaient difficiles, irrégulières, dépendant d’un trafic maritime certes important mais aléatoire, le passage du cap Horn rendant tout trajet incertain, surtout durant l’hiver austral. Plus au nord, dans l’actuel Panama, de canal il n’y avait point ; et pour cause, l’Atlantique et le Pacifique ne seront reliés qu’en 1914, soit quarante-huit ans plus tard... N’empêche, l’expérience avait déjà démontré à de nombreuses reprises que le trajet le plus court et le plus sûr était pour le courrier de rallier depuis Sydney ou Wellington et Auckland la côte ouest du Panama, de traverser ce petit Etat par le chemin de fer, puis de charger ce même courrier sur un vapeur se rendant en Angleterre, directement ou via la côte est des États-Unis. En 1861, fort d’une carrière déjà bien remplie (voir encadré), John Vine Hall fut nommé à Sydney directeur général de la Inter-Colonial Royal Mail Company of London. Très vite, Hall comprit que le service postal pouvait être considérablement amélioré et pour cela, il se rapprocha de son homologue en Nouvelle-Zélande, Crosbie Ward, grand patron des postes kiwies. C’est avec lui qu’il décida de la création d’une ligne maritime reliant Sydney et Wellington au Panama afin de gagner du temps et de régulariser les liaisons postales avec Londres. Il fut décidé pour ce faire de créer une nouvelle société, le 15 juin 1866, dont tout naturellement Vine Hall prit la direction générale. La toute jeune “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” (qui succédait donc en quelque sorte à la Inter-Colonial Royal Mail Company of London), avait pour mission d’assurer au courrier la traversée du Pacifique en diagonale. Pour cela, elle disposa, grâce à un conséquent apport en capitaux, de quatre navires à vapeur qui garantissaient des liaisons régulières, quasiment chronométrées, mais avec une petite faiblesse : l’étrave de ces navires ne fendait les eaux du vaste océan qu’à raison de trente-cinq tonnes de charbon avalées chaque jour. Autant dire que les chauffeurs, dans la salle des machines, n’avaient guère de temps pour flâner, occupés qu’ils étaient à remplir à grandes pelletées les chaudières insatiables de leurs bateaux (plus de 24 kilos de houille par minute !). Sauf à surcharger les vapeurs de charbon, ils devaient, pour emporter suffisamment de fret, pouvoir refaire le plein de carburant en cours de route. Or, quelle était la dernière île à se trouver entre Auckland et Panama ? La petite, la minuscule Rapa, qui offrait plus d’un avantage aux yeux de Vine Hall : s’il était toujours possible de remonter au nord pour faire le plein de charbon à Tahiti, cela occasionnait un détour et donc une perte de temps, sachant que le charbon stocké à Papeete ne serait disponible qu’en fonction du bon vouloir des autorités françaises, puisque Tahiti était un protectorat de la France. A Rapa en revanche, île que personne encore n’avait revendiquée, une compagnie privée britannique pourrait échapper à toute perte de temps administrative en gérant son propre stock de charbon à son prix de revient ; qui plus est, Rapa offrait un port naturel extrêmement sûr, bref tout ce qui permettrait à la “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” de gagner du temps, donc de l’argent. Il ne restait plus qu’à organiser ce dépôt de charbon pour assurer les ravitaillements des bateaux de la compagnie dirigée par Vine Hall. Deux navires se rendirent à Rapa pour y reconnaître le port naturel et choisir le site qui servirait de dépôt de charbon. John Vine Hall à cette époque, s’était rendu lui-même à Rapa dont il avait exploré les ressources (l’île devait aussi pouvoir fournir de l’eau à ses navires et éventuellement des vivres frais pour ses équipages). Durant son exploration, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une roche qu’il qualifia sans doute un peu vite de charbon ! En fait, les habitants de Rapa ayant compris que leur île avait été retenue pour y gérer un stock de charbon destiné aux bateaux britanniques, sachant pertinemment qu’il y avait à flanc de colline chez eux une roche noire qui, elle aussi, brûlait, s’empressèrent d’y conduire les Anglais. On imagine la surprise de ces derniers devant cette trouvaille complètement inattendue dans une île volcanique... John Vine Hall, s’il adopta le terme de charbon pour qualifier ce gisement pour le moins insolite, rédigea tardivement un rapport en 1869, soulignant toutefois que ce charbon ne présentait pas un intérêt économique certain compte tenu de la modestie du gisement. Cette découverte anglaise n’allait pas rester longtemps secrète ; dès 1867, un habitant de Rapa, dénommé Etau, se rendit à Tahiti et demanda à voir le gouverneur de La Roncière pour lui révéler que son île recélait un véritable trésor, du charbon, charbon sur lequel les Anglais souhaitaient apparemment mettre la main ! On imagine l’effet de cette nouvelle auprès des autorités françaises ; c’est un peu comme si, de nos jours, on annonçait qu’on avait trouvé du pétrole à Rurutu... Evidemment, conscient du possible intérêt stratégique de cette découverte, le gouverneur dépêcha de suite le bateau officiel du protectorat, le Latouche-Tréville qui parvint à Rapa le 19 avril 1867. La mission du capitaine était double : prendre possession de Rapa au nom de la France (impossible d’imaginer une seule seconde les Anglais faire main basse sur un gisement de charbon au cœur du Pacifique !) et accessoirement rédiger un rapport scientifique précis sur ce charbon. A ce moment-là à Tahiti, les géologues compétents ne se bousculaient pas, mais malgré tout, de La Roncière, homme décidé, adjoignit au capitaine du Latouche-Tréville un lieutenant d’artillerie, Joseph Méry, géologue de qualité. Charge à lui de reconnaître le site et surtout de ramener des échantillons de ce qui fut immédiatement baptisé “l’or noir de Rapa”, susceptible d’assurer enfin la prospérité du protectorat. Méry, obéissant et dévoué, conscient de ses responsabilités (le gisement allait-il changer le destin du protectorat ?) se mit immédiatement au travail guidé par l’enthousiaste Etau et dès le 8 juin 1867, le géologue rédigeait son rapport (publié dans le Messager de Tahiti en date du 14 septembre 1867). A sa lecture, on y apprend que Etau montra d’abord le petit stock dont il disposait chez lui. Méry reconnut immédiatement du lignite (voir encadré), mais estimant que ce stockage improvisé aurait pu altérer la qualité des échantillons, il demanda à Etau de le conduire sur site. Détournant un petit ruisseau dans le vallon de Paukare, Méry dégagea l’affleurement de roche noire et posa son diagnostic : “la couche a une épaisseur de 2m à 2m50 ; sa direction est est nord-40°-est ; elle est inclinée de 15° du sud-est au nord-ouest. Elle repose directement sur une couche de basalte, elle est en lits irréguliers, mélangée de veines et de blocs d’argile, elle est recouverte par un talus d’éboulement entièrement formé d’argiles diversement colorées. Ce talus, de près de 50m à 60m de hauteur, est terminé au sommet par quelques couches régulièrement stratifiées. (...) Il résulte de tout ce que j’ai pu voir, après les quelques travaux préliminaires que j’ai fait exécuter et des essais auxquels j’ai soumis ce combustible à mon arrivée à Tahiti :
Que ce combustible est du lignite à divers degrés de compacité, suivant les points de la couche où il est pris ;
Que la compacité varie de celle caractérisant les lignites parfaits proprement dits à celles des variétés connues sous le nom de jayet ;
Que la couche entière ne se trouve pas en place, mais est arrivée à sa position actuelle par suite d’un bouleversement du terrain préexistant sur lequel avait eu lieu la formation ;
Que ce terrain entièrement argileux, s’est accumulé par éboulements au-dessus de la couche, que ses débris ont pénétré toutes les failles qu’avait dû y causer l’éboulement et que, par conséquent, au combustible se trouve mêlée une grande quantité de matières étrangères ;
5) Enfin que les parties très compactes paraissent être beaucoup plus abondantes que les lignites parfaits”. Le tableau brossé par Méry n’était guère encourageant, même s’il soulignait dans son rapport que “ces lignites pourraient fournir un excellent combustible”. Malheureusement, ces lignites utilisés en tant que combustible se sont avérés plus lent à chauffer du fer afin de permettre d’effectuer une soudure que de la houille et, conclut Méry, ces lignites “ne seraient par conséquent, pas avantageux pour cet usage, quel que fût leur prix de revient ; mais différentes industries pourraient les employer de préférence à la houille, et surtout au bois, qui devient de plus en plus rare”. Les parties très compactes, pour leur part, brûlent mal, dégagent des odeurs et moins de chaleur... Coup de grâce donné par Méry : “quelles que soient l’étendue et la puissance de cette couche, elle se trouve dans des conditions telles qu’au point de vue industriel, il est actuellement impossible de l‘exploiter avantageusement”. D’autant que compte tenu de l’éboulement argileux sur les lignites, ceux-ci nécessiteraient une exploitation non pas à ciel ouvert, mais en galeries. Cerise sur le gâteau, si ce lignite de Rapa pouvait servir éventuellement de combustible, il ne pouvait pas convenir aux chaudières des navires à vapeur ; la messe était dite ! Rapa incorporée au protectorat Pour Vine Hall et le directoire de sa compagnie, l’affaire de l’or noir de Rapa ne fut pas sans conséquence, loin de là. A cause de l’initiative d’Etau, ou grâce à lui selon le camp où l’on se place, Rapa, de petite île “indépendante”, avait été incorporée vite fait bien fait au protectorat français. Plus question de la transformer en point de ravitaillement en charbon pour les navires de la “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” Ceux-ci devaient effectuer la longue traversée soit en faisant escale à Papeete (ce que souhaitait de La Roncière pour dynamiser l’économie locale), soit surcharger leurs cales de charbon et faire la route “non stop”... Dans tous les cas de figure, la rentabilité des voyages était sérieusement remise en cause. John Vine Hall, pour sa part, estimait avoir mené à bien sa mission, à savoir mettre sur pied un outil fiable pour assurer le service du courrier entre Sydney et Wellington d’un côté du globe et Londres de l’autre. Fin 1866, il demanda à prendre sa retraite et rentra à Londres. Il avait alors cinquante-trois ans seulement, mais était fatigué ; il revint en Australie en 1868 pour tenter de redresser les affaires de la compagnie qu’il avait fondée, mais que son successeur, le capitaine H.B. Benson n’était pas parvenu à maintenir à flot. En vain, car en 1868, la société mettait la clé sous la porte ; la distribution du courrier entre Londres et le Pacifique Sud se poursuivit bien sûr, mais sans la “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” Fondée le 15 juin 1866, la “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” avait pour objet d’opérer des traversées mensuelles dans les deux sens entre Sydney, Wellington et Panama. Pour cela, elle disposait, grâce à son capital de départ, de quatre navires. Ceux-ci étaient reliés au chemin de fer de Panama. Le paquebot Kaikora, de 1 591 tonnes construit en 1865, a fait la traversée initiale. Les autres navires étaient le Rakaia (1 509 tonnes, lancé le 31 janvier 1866 du chantier de construction de Randolph Elder and Co. à Fairfield.), le Ruahine (1 504 tonnes) et le Mataura (1 786 tonnes), des bateaux à vapeur de taille similaire. Le service ne s'est jamais avéré rentable, la société était en très grandes difficultés financières à la fin de 1868 et elle dut jeter l’éponge. Les quatre navires avaient été hypothéqués à la Royal Mail S.P. Co. et ont finalement été transférés à cette société. Le Kaikora, le Rakaia et le Ruahine ont été renommés Tiber, Ebro et Liffey. Ceux-ci ont tous été placés sur le service Brésil/River Plate. Le quatrième vapeur, le Mataura, était un navire à coque en fer de 1 786 tonnes brutes avec une vitesse de 10 nœuds, construit en 1866 par Millwall Ship & Graving Co. Il pouvait accueillir quelque cent passagers de première et soixante de deuxième classe. Le bateau avait quitté Londres pour son voyage inaugural, mais il a été en proie à de nombreuses pannes au cours de son long périple par l’Afrique du Sud. Il arriva finalement juste à temps pour entamer ses rotations entre Sydney et le Panama. Dès 1842, les deux îles de Raivavae et de Tubuai, aux Australes sont intégrées au protectorat français, toutes les deux ayant des liens étroits avec Tahiti (les deux îles seront annexées en 1880). Le 28 avril 1867, l’affaire de l’or noir de Rapa conduit la France à annexer l’île la plus au sud de l’archipel au protectorat afin d’éviter que les Anglais ne mettent la main sur un potentiel et stratégique gisement de charbon. L’acte signé entre la France et Rapa le fut par le roi Parima, les chefs, les huira’atira et M. Méry. Un résident y fut nommé le 12 décembre 1867, M. Caillet lieutenant de vaisseau qui demeura en poste jusqu’au 20 avril 1869. Le 23 février 1882, Rapa fut annexée aux Etablissements français de l’Océanie et le 1er décembre de la même année, un gendarme y fut envoyé “accueilli avec empressement par la population” nous dit un rapport de l’époque. Indépendantes, l’une avec une reine, l’autre avec un roi, Rimatara et Rurutu ne seront placées sous protectorat français qu’en 1889; Rurutu sera annexée en 1900 et Rimatara un an plus tard. Paul Deschanel (1856-1922, celui-là même qui devint président de la République française du 18 février au 21 septembre 1920 – il démissionna pour des raisons de santé) rédigea, en 1888, un ouvrage consacré aux intérêts français dans l’océan Pacifique. Il y passe en revue certaines régions: Gambier, Tuamotu, Marquises, puis il fait un distinguo entre Tubuai, Cook, Wallis et l’île de Rapa qu’il traite à part (édition Berger-Levrault & Cie-Paris). Au sujet de Rapa, il n’y va pas par quatre chemins, annonçant fièrement qu’une mine de charbon y est en exploitation et que son rendement est égal aux deux-tiers d’une bonne houille classique... Plus précis est son analyse de l’intérêt stratégique de l’île; il précise que la compagnie maritime anglaise a été la première à relier les deux nouveaux mondes par une ligne de bateaux à vapeur. De Panama à Rapa, la moyenne des traversées faites par ces bâtiments était de 16 jours et demi. La plus longue a été de 19 jours et demi. La plus courte a été de 14 jours et demi. Selon l’auteur, des paquebots y firent escale du 15 octobre 1867 au 16 février 1869, paquebots jaugeant jusqu’à 1 800 tonnes. La malle (ndlr: le courrier, le mot “malle” ayant donné “mail” en anglais) arrivait de Southampton en 36 jours à Rapa, en 49 jours à Wellington et en 54 jours à Sydney. La compagnie a transporté en outre de Panama en Nouvelle-Zélande et en Australie environ six cents personnes. Elle touchait, précise Deschanel, une subvention de 2 750 000 Francs, 1 500 000 Francs de l’Australie et 1 250 000 Francs de la Nouvelle-Zélande. John Vine Hall était né à Maidstone, dans le Kent, en 1813. Très jeune, mais c’était l’usage il y a deux siècles, il s’engagea comme aspirant au sein de la Compagnie des Indes et c’est là qu’il vécut ses premières années de marin. La création de la ligne de bateau à vapeur à partir du Cap de Bonne Espérance le vit passer sous contrat avec le gouvernement; peu de temps après, il connut une promotion remarquable puisqu’il devint le commandant d’une flotte de plusieurs navires, dont le Maurice, le Calcutta, le Lady Jocelyn... Quelques années plus tard, au sein de la même Compagnie des Indes, il fut nommé superintendant à Southampton. Lors d’un voyage en Australie, à bord du Crésus, il marqua des points alors que le navire était en panne et jugé inapte au voyage de retour. En fait, à l’époque, il n’existait aucun bassin de radoub pour réparer un bâtiment de cette taille, mais Vine Hall se débrouilla si bien à Sydney, grâce à un montage quelque peu acrobatique (en fait un barrage provisoire, un batardeau, suffisant pour mettre le bateau quasiment à sec) que le Crésus put être réparé à Berrys’ Bay. Le dispositif fut jugé si parfait que le célèbre ingénieur civil M. Brunel fit intégrer Vine Hall à l’Institut des Ingénieurs, tandis que l’Amirauté se fendait de félicitations. Les aventures de Hall avec le Crésus ne s’arrêtèrent pas là puisque, plus tard engagé dans la guerre de Crimée en tant que transport de troupes, le bateau prit feu; l’habileté de Hall et aussi son courage permirent au navire d’être jeté à la côte; le Crésus fut réduit en cendres, mais pas un homme ne perdit la vie dans cet incendie. Là encore, Hall eut droit aux éloges de l’Amirauté qui, après avoir découvert un ingénieur d’exception, avait désormais un héros à fêter... En 1860, Hall prit le commandement du vapeur Great Eastern qu’il acheva d’aménager à Southampton. Le voyage inaugural entre l’Angleterre et New-York se déroula parfaitement bien et Hall fut reçu par le président des États-Unis, James Buchanan, qui apprécia tant son contact qu’il l’emmena visiter les chutes du Niagara. En 1861, nous revenons au charbon de Rapa, Hall est nommé directeur général en Australie de l’Inter-Colonial Mail Company dont le siège est à Londres. C’est là qu’il décida de la création de la “Panama, New Zealand & Australia Royal Mail Co.” On apprend que l’affleurement de lignites se trouve à la cote de 180 mètres sous la ligne de crêtes joignant les monts Vairu et Tanga. Les lignites en larges plaques noires subhorizontales, associées à des argiles bariolées blanches à rouges et à des sables, sont visibles sur une trentaine de mètres seulement d’extension nord-ouest – sud-est, et sur une puissance de deux mètres. Il est de ce fait difficile, selon les auteurs de cette description, d’avoir une bonne estimation du développement de la lentille sédimentaire. Comment celle-ci s’est-elle formée alors que le lignite ne se trouve pas dans les roches d’origine volcaniques (Rapa étant un volcan vieux d’un peu plus de quatre millions d’années)? A l’origine de cette roche susceptible de brûler, se trouve un lac de lave temporaire dont le toit refroidi aurait servi de réceptacle à une dépression lacustre ou tout au moins marécageuse. Dans cette mare, des végétaux croissant à ses bords se seraient accumulés et auraient évolué en lignites après décomposition. Quand on les analyse, on trouve des pollens et des restes très variés, ceux de plantes angiospermes, d’algues, de dicotylédones (Myrtacées, Pipéracées, Sapindacées, Rubiacées) et même des restes de palmiers et de cocotiers alors que de nos jours ces arbres manquent ou sont rares à Rapa.
Piste d'atterrissage accrochée à une falaise en à-pic de Ua Pou aux Marquises, la plus acrobatique en Polynésie française et l' une des plus difficiles au monde. Accessible uniquement aux Twin-Otter ou avions de cette taille. Montée d'adrénaline confirmée pour pilotes et passagers.
Refuge en eaux profondes, un espoir pour la restauration du corail
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Tahiti, le 1er février 2021 - La célèbre expédition Under the pole III revient en Polynésie afin de caractériser la découverte inédite d’un champ de "corail de rose" à 90 mètres de fond à Makatea. Avec l’expertise du Criobe de Moorea, l’étude consiste à vérifier la sensibilité de ces coraux des profondeurs aux changements climatiques. De quoi tester l’hypothèse d’un refuge pour le corail dans les grands fonds. C’est aux Gambier, en 2018, que l’expédition Under the pole découvre le corail le plus profond jamais récolté au monde : un spécimen de Leptoseris hawaiiensis à 172 mètres de fond. Saluée par la communauté scientifique, la trouvaille a fait l’objet d’une parution le 15 janvier dans la revue scientifique The Isme journal. Fruit d’un partenariat entre le Criobe à Moorea et la célèbre expédition menée par le duo Emmanuelle Périé-Bardout et Ghislain Bardout, cette étude devait ensuite les conduire en Antarctique. Mais le Covid en a décidé autrement. "On n’a pas pu y aller, alors on est revenu en Polynésie pour compléter la mission DeepHope (Profond Espoir, Ndlr) de 2018 – 2019 sur l’exploration du corail profond avec des nouvelles données et des nouvelles manipulations"annonce Emmanuelle Périé-Bardout. Forte d’une première mission totalisant près de 800 plongées et d’une collection record de plus de 6 000 échantillons –entre 30 et 150 mètres de profondeur– dans les cinq archipels, la nouvelle expédition revient sur une autre découverte, toute aussi inédite, d’un champ de Leptoseris –ou "corail de rose"–, à 90 mètres de fonds dans les eaux de Makatea. "À ces profondeurs c’est très rare. En général, plus tu descends, moins tu en trouves", commente Laetitia Hédouin, chargée de recherche du CNRS au Criobe. Une densité coralienne "exceptionnelle" Au-delà de la profondeur, c’est surtout la densité de la couverture coralienne qui intrigue les scientifiques. "40% de recouvrement, c’est énorme à ces profondeurs-là" reprend Laetitia Hédouin. "C’est absolument exceptionnel comparé à tout ce qu’on a vu ailleurs en Polynésie, c’est ça que nous allons chercher à approfondir. Est-ce que c’est localisé ou généralisé ? Sur quelle surface ?" renchérit Ghislain Bardout, co-fondateur de Under the pole. Il s’agit donc de caractériser et dimensionner ce grand récif profond. Porteuse d’espoir pour la conservation du corail, cette découverte viendrait conforter l’hypothèse d’un refuge pour les coraux de surface dans les profondeurs de l’océan. "Pourquoi a-t-on ce champ à cet endroit-là et pas ailleurs ? A-t-on affaire à des populations génétiquement différentes ou s’agit-il des mêmes coraux, mais dans un environnement qui permet leur prolifération ?" interroge Laetitia Hédouin. La présence de ce champ à de telles profondeurs est d’autant plus étonnante que les coraux sont dépendants de la lumière puisqu’ils tirent leur énergie d’une algue qui vit en symbiose dans leurs tissus, leur apportant, par la photosynthèse, les nutriments nécessaires. Or, plus on s’enfonce dans le bleu, moins il y a de lumière. Résultat : l’eau se rafraîchit. Pourquoi alors parler de réchauffement ? Selon la chargée de recherche, la réaction des coraux est relative aux températures dans lesquelles ils ont l’habitude d’évoluer. "Ce qui compte, c’est de combien la température varie par rapport à la normale. Aux Australes, l’eau est plus fraîche d’environ trois degrés et pourtant, il y a beaucoup plus d’anomalies de température et de blanchissement là-bas du fait de phénomènes océanographiques qu’on ne maîtrise pas bien, développe la scientifique. Même si l’eau est plus fraîche et que les coraux sont habitués à 26 degrés, il suffit que ça monte à 28 ou 29 degrés pour générer un stress. Tu me diras : ceux de surface sont déjà à 28 degrés. Oui, mais ils y sont habitués, le stress se présente quand la température grimpe à 30 degrés." "Des informations difficiles à collecter" Ce que les chercheurs ont d’ailleurs observé, c’est que les variations de température sont beaucoup plus importantes en profondeur qu’en surface. Une telle exposition aurait-elle entraîné le corail d’en bas à mieux encaisser les vagues de chaleur que ceux d’en haut ? "C’est ce qu’on veut vérifier, mais ce sont des informations difficiles à collecter, parce qu’on n’est pas toujours présent au moment des épisodes de blanchissement et parce qu’on a beaucoup de mal à avoir accès à ces coraux profonds." D’où l’intervention des spécialistes de Under the pole. Nul besoin de capsule pour cette mission qui ne nécessite pas d’observation prolongée. En revanche, une palanquée de six plongeurs équipés de recycleurs descendra pour collecter du corail. Ensuite ramenés dans les aquariums du Criobe de Moorea, les échantillons seront exposés au stress de l’acidification et du réchauffement des températures qui empêchent les coraux de construire leur squelette calcaire, afin d’évaluer leur niveau de résistance. "L’idée, ça va être de faire la même analyse à Moorea où ce type de champ n’existe pas, et de voir ce qui les différencie de ceux de Makatea" poursuit la chargée de recherche. "Les récifs coraliens sont menacés partout dans le monde, mais ceux qui vivent dans les profondeurs seraient moins soumis aux changements climatiques et aux perturbations locales". La mission qui démarre le 15 février devrait s’étendre sur deux mois et contribuer, peut-être, à supporter l’hypothèse d’une migration des coraux vers les profondeurs pour y trouver refuge.
Le livre en question. Pour amateurs...
TAHITI, le 2 février 2021 - L’ouvrage Mollusques marins de Polynésie française est le fruit de plusieurs années de prospection et de recherches. Avec plus de 3 000 espèces recensées, il présente la plus grande partie des mollusques marins observés à ce jour dans cette région du Pacifique sud central. Il est co-édité par Au Vent des îles et l’Université de la Polynésie française. Le projet est inédit à tout niveau. La publication du livre Mollusques marins de Polynésie française est l’œuvre de quinze années de travail de trois passionnés, amateurs, qui, par leur enthousiasme et leur persévérance, ont su mobiliser la société scientifique internationale. L’enjeu de cet ouvrage co-édité par l’Université de la Polynésie française et la maison d’édition Au Vent des îles, est important. Il vise des missions de transmission, de partage du patrimoine. "C’est un bon en avant dans la connaissance", déclare Nabila Gartner-Mazouni. Professeure à l’université, elle a contribué à l’aventure, soutenant le projet depuis près de six ans. Il y a quelques années encore, il était entendu que la Polynésie française abritait très peu de mollusques, à peine 400 espèces. Les trois auteurs, Michel Boutet, Robert Gourguet et Jean Letourneux, accompagnés par plus de 70 spécialistes des mollusques, en ont recensé 3 000. Parmi eux 2 540 sont figurés. Le livre, bilingue (français-anglais) compte 768 pages. Pour Nabila Gartner-Mazouni, cette "œuvre titanesque" est "un trésor laissé aux générations futures", "une invitation", "une étincelle". Des coquillages aux mollusques Les mollusques constituent un des grands embranchements du règne animal. Ce sont les animaux à corps mous qui sont ou non pourvus d’une coquille : les gastropodes, les bivalves, les céphalopodes … Ils sont tous répertoriés dans le livre, mais à l’origine, les trois auteurs avaient pour passion les coquillages. Michel Boutet est un ancien correspondant régional de l’association française de conchyliologie. Il a fondé le musée du coquillage de Papara dont il a été le conservateur pendant deux ans. Robert Gourguet est membre de l’association française de conchyliologie, il a effectué d’innombrables plongées en apnée dans les récifs tahitiens armé d’une pince à épiler et d’un pied à coulisse pour référencer des coquillages. Car certains de ces animaux sont minuscules. Le plus petit des 3 000 espèces répertoriées ne mesure pas plus de 0,8 millimètres. Jean Letourneux, membre affilié à la société royale belge de malacologie, est moteur depuis toujours. "Pendant le CEP, il y avait de très nombreux collectionneurs de coquillages, de très nombreux magasins en vendaient venant d’ici et d’ailleurs." La situation l’a encouragé à dresser un état des lieux des espèces polynésiennes, à contacter les spécialistes, à faire des recherches documentaires, à identifier, comparer… Le travail, remarquable et remarqué du trio, a permis la description de 40 nouvelles espèces parmi lesquelles 27 leur ont été dédiées.
Contacts Site internet de la maison d'édition Au Vent des îles. FB : Au Vent des Îles - Showroom Tél. : 40 50 95 95
Tahia chez elle
Tahia perpétue la confection du kumuhei, enivrant bouquet aux effluves épicées des Marquises.
Tahia Kohu'einui a hérité de sa grand-mère l’art de mélanger les senteurs et les couleurs afin de confectionner le kumuhei, forme de petit bouquet aromatique que les marquisiennes portaient autrefois couramment dans les cheveux. En remettant au goût du jours cet accessoire d’apparat et de séduction, sensuel et odoriférant, patiemment confectionné à partir des fleurs de son jardin ; la jeune femme perpétue un art de vivre aujourd’hui un peu oublié. En créant une ligne de cosmétiques exclusivement constituée de produits naturels marquisiens, Tahia va plus loin encore et donne à partager l’envoutant parfum d’une nature sauvage et préservée.
Moorea route de ceinture
Le gouvernement précise les modalités de la "quatorzaine" obligatoire à compter du 9 février
coronavirus
©Haut-commissariat
Afin de lutter contre la propagation du virus en Polynésie, le gouvernement impose à compter de mardi une "quatorzaine obligatoire pour toutes les personnes arrivant en Polynésie. CM avec communiqué • Publié le 6 février 2021 à 20h37
Le gouvernement de la Polynésie indique qu' "un Conseil des ministres extraordinaire a adopté, vendredi 5 février, un arrêté portant mesures d’entrée et de surveillance sanitaire des arrivants en Polynésie française dans le cadre de la lutte contre la covid-19. Il entrera en vigueur le 9 février à 0 heure. Cet arrêté impose une quatorzaine stricte à toute personne entrant en Polynésie. Cette personne doit avoir au préalable justifié d’un motif impérieux d’ordre personnel ou familial, de santé ou professionnel, tel que cela a été exposé le 29 janvier dernier par le Premier ministre lors de l’annonce de l’interdiction de toute entrée ou de sortie du territoire national. La quatorzaine peut être effectuée à domicile si la personne atteste qu’elle peut être réalisée sans risque de croiser une tierce personne et sans risque de contamination. La personne doit également disposer d’un véhicule personnel à l’arrivée pour se rendre à domicile sans contact, ou avoir retenu un véhicule de transport sanitaire agréé. La quatorzaine à domicile est soumise à une demande préalable, au moins 72 heures avant le départ, accompagnée des pièces justificatives, adressée au Haut-commissariat de la République en Polynésie française. A défaut, la quatorzaine est effectuée dans un établissement hôtelier dédié, aux frais de la personne, dans la limite d’un forfait journalier. Les personnes arrivant par voie maritime, à bord d’un navire de cinq personnes et plus, exécutent leur quatorzaine à bord. Pour tous les entrants, un test RT-PCR sera effectué 12 jours après l’arrivée. S’il est négatif, la personne pourra quitter l’isolement au bout de quatorze jours. Un aménagement de la quatorzaine est possible pour les professionnels de santé nécessaires à la lutte contre la covid ou pour les personnels dont l’intervention est nécessaire à la réparation d’un matériel indispensable, à la sécurité ou à la vie de la population. En tout état de cause, un test RT-PCR négatif effectué 72 heures avant l’embarquement vers la Polynésie française reste exigé".
FRANCE MÉTROPOLITAINE Depuis le 31 janvier 2021, toute sortie du territoire français à destination d’un pays extérieur à l’espace européen* est interdite, sauf motif impérieux. Une attestation de voyage pour motif impérieux, ainsi qu'un justificatif éventuel de ce motif sont obligatoires pour voyager. Vous pouvez télécharger l'attestation est disponible sur le site du Ministère de l'Intérieur. Afin de faciliter votre enregistrement, nous vous recommandons d'imprimer et de remplir les documents obligatoires avant de vous rendre à l'aéroport.
VOUS SOUHAITEZ VOUS RENDRE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE 1. Depuis un pays de l’espace européen* Depuis le 24 janvier 2021, tous les voyageurs de 11 ans et plus souhaitant se rendre en France métropolitaine depuis un pays de l'espace européen*, quelle que soit leur nationalité, doivent présenter un test PCR négatif datant de moins de 72 heures avant le départ. 2. Depuis un pays extérieur à l’espace européen* Depuis le 18 janvier 2021, tous les voyageurs de 11 ans et plus souhaitant se rendre en France métropolitaine, depuis un pays extérieur à l’espace européen*, quelle que soit leur nationalité, doivent : 1/ présenter un test PCR négatif datant de moins 72 heures avant le départ 2/ s’engager à s’isoler pour une période de 7 jours une fois en France puis à refaire un deuxième test PCR à l’issue cette période de 7 jours 3/ présenter une attestation de voyage pour motif impérieux ainsi qu'un justificatif éventuel de ce motif. L'attestation est téléchargeable sur le site du ministère de l'Intérieur
VOUS VOYAGEZ DE/VERS LES OUTRE-MER Tout voyage de ou vers les Outre-Mer est interdit sauf motif impérieux. Une attestation de voyage pour motif impérieux, ainsi qu'un justificatif éventuel de ce motif sont obligatoires pour voyager. Les autres formalités obligatoires (quarantaine, test PCR) varient en fonction de votre point de départ et de votre destination. Pour connaître celles applicables à votre situation, et télécharger l'attestation, veuillez consulter le site de la préfecture du territoire concerné ou le site TravelDoc
Extrait de l' espace AF concernant les voyages vers ou au départ de Polynésie à partir du 4 février, normalement pour 2 mois.
Il devrait être possible de re-voyager vers la PF à partir de la mi-avril.
De toute façon, les billets achetés sont modifiés sans frais par la Compagnie jusqu'à ce qu' un vol soit possible.
Bonne journée à tous
Moana
L' histoire assez extraordinaire d' un petit atoll des Tuamotu pour agrémenter votre week-end.
Moana
Les cannibales de Tematangi
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Apparemment, Tematangi n’était pas une escale pour les navires visitant les Tuamotu afin d’y charger du coprah contre des denrées et des biens de consommation. Idem pour les nacres : à l’époque, il n’y avait pas de campagnes de plonge qui auraient permis aux habitants de gagner de l’argent et de s’approvisionner normalement. Tahiti, le 31 décembre 2020 - 1857, l'histoire de la disparition de la goélette Sarah Ann, aux Tuamotu, fut l'un des plus gros faits divers du début du protectorat français à Tahiti. Ce qu'il reste de l'épave du bateau repose, de nos jours, dans un peu plus de quinze mètres d'eau devant le récif de l'atoll de Tematangi et deux canons en furent retirés il y a quelques années, ultimes témoins d’un drame horrible qui se solda malgré tout par la clémence des juges face à ce qui reste un terrifiant cas de cannibalisme aux Tuamotu. En mars 1856, le Sarah Ann, une petite goélette, quitte le port de Valparaiso, au Chili, pour regagner Tahiti. Elle avait à son bord un total de 17personnes, dont le capitaine Krayser, sa femme, un enfant de 22 mois, la servante tahitienne de Mme Krayser, un subrécargue, un négociant de Tahiti rentrant après un voyage à Valparaiso pour affaires, les deux enfants du capitaine tahitien Stevens, que leur maman attendait avec impatience à Tahiti, et neuf hommes d'équipage. La Sarah Ann disparaît Que faire sur un atoll oublié du monde ? Les habitants de Tematangi y vivaient d’une manière d’autant plus précaire qu’ils n’étaient pas des Paumotu, mais des personnes dont les parents avaient été exilés de Tahiti à la suite d’une guéguerre locale. La Sarah Ann arrive aux Gambier au mois d'avril, et elle retrouve, dans la rade de Mangareva, la corvette de guerre Sarcelle, commandée par le lieutenant de vaisseau Ferré. Les équipages se rencontrent, tout comme les capitaines, tout le monde sympathise et se donne rendez-vous à Tahiti, la corvette devant arriver avec quelques jours d'avance sur la Sarah Ann, moins rapide, et qui devait charger, qui plus est, une cargaison de nacres pour compléter son fret. Mais d'avril 1856 à juin 1857, on n'eut plus aucune nouvelle de la Sarah Ann qui fut portée disparue, sans doute victime, pensa-t-on alors, d'une de ces tempêtes tropicales qui arrivent sans prévenir. On en serait resté là si, en 1857 justement, la goélette du protectorat, la Julia, propriété de la maison Hort Frères à Tahiti, n'était pas passée le 1er juin au large de l'atoll de Tematangi appelé alors île Bligh (et la plupart du temps orthographiée à tort île Blight, avec un “t” à la fin du mot). Le capitaine Dunham raconta avoir vu, depuis la mer, des indigènes portant des vêtements européens et des étoffes accrochées à des arbres, textiles qui firent immédiatement penser à la Sarah Ann. Il avait aussi identifié les restes d'une épave qu'il supposa être justement la Sarah Ann, mais malgré deux tentatives pour se rapprocher des habitants de l'île, il n'y parvint pas. Dunham avait décidé de ne pas utiliser la force, mais malgré ses efforts pacifiques pour établir le contact, rien n'y fit et finalement, la franche hostilité des Paumotu armés de lances et de frondes l'avait décidé à poursuivre sa route pour signaler sa découverte à son retour à Tahiti aux autorités du protectorat. Un bombardement pour rien ! A part du poisson et des œufs d’oiseaux marins, les habitants de Tematangi n’avaient apparemment que très peu de ressources pour se nourrir. Informé de ces faits, le gouverneur ordonna d'envoyer immédiatement sur place un vapeur, le Milan, navire de guerre, de manière à voir si des naufragés pouvaient encore être sauvés, même si cela semblait bien improbable. Avec le vapeur, deux autres embarcations armées firent le trajet, car l'affaire était d'importance. Arrivés sur les côtes de Tematangi, les hommes du Milandébarquent et découvrent immédiatement un petit village ; il y a du poisson tout frais accroché à une branche, les nattes sont encore chaudes, il est clair que la population se trouvait ici même il y a très peu de temps. Une battue est alors organisée sur cet atoll pauvre en cocotiers mais très riche en brousse à pandanus, où la progression est lente et difficile. Les hommes ont beau chercher, ils ne trouvent personne. Le capitaine duMilan décide alors de recourir aux grands moyens et se sert de ses obusiers pour faire sortir de la brousse les habitants, en vain. Après ce violent bombardement, par souci du travail bien fait, à défaut de ramener des survivants ou des suspects, il fut décidé de mettre le feu aux cases, aux pirogues et aux rares arbres avant de rentrer. La mission avait duré une dizaine de jours, pour strictement aucun résultat ! Cachés sous du corail Une des raisons expliquant l’isolement de Tematangi réside dans l’absence de passe dans son récif externe, ce qui faisait de l’île une véritable prison. Le retour à Tahiti fut peu glorieux et, inconsolable, Mme Stevens, qui avait perdu ses deux enfants dans le drame, refusa de se résoudre à en rester là ; l'armée avait fait chou blanc, qu'à cela ne tienne, elle armerait sur ses fonds propres une autre goélette, la Julia, pour le prix très élevé à l'époque de 1 500 piastres, en juillet 1857. Le bateau retourna à Tematangi, avec pour mission de mettre fin à ce mystère étrange d'un atoll peuplé quand on en suivait la barrière récifale et désert quand on l'abordait. Bien inspirée, Mme Stevens embaucha 25 personnes pour faciliter les recherches, sous la houlette du chef Teina, tous les engagés étant à la fois motivés et payés pour l'être. Le bateau traça sa route sans perdre de temps et les hommes débarquèrent, en décidant d'organiser une battue avec deux groupes qui devaient se rejoindre au milieu de l'île de corail, chacun partant d'un côté. Pas un mètre carré ne fut oublié, pas un arbre, pas un buisson qui ne fut scruté, mais il fallut bien se rendre à l'évidence, l'île était déserte, même si, une fois de plus, les cases semblaient avoir été habitées il y a très peu de temps. Teina, pendant cette battue, était resté seul au village justement, attendant le retour de ses deux équipes. Lui non plus ne comprenait pas où pouvait se cacher cette population ; mais tout à coup, son attention fut attirée par le bruit de la chute d'un petit caillou. D'un petit tas de blocs de corail, il ne fut pas long à voir apparaître une main qui dégageait d'autres petits blocs de madrépores. Teina n'en croyait pas ses yeux : toute la population était là, presque sous ses pieds, cachée dans une anfractuosité du substrat corallien de l'atoll ; convaincus que les membres d'équipage étaient repartis (ils n'entendaient plus aucun bruit), les habitants avaient décidé de prudemment refaire surface, sans penser qu'un homme, seul et silencieux, était resté à deux pas de leur cachette. Des découvertes macabres D’après une photo de Gilbert Cuzent, voici les adultes cannibales de Tematangi, tels qu’ils apparaissent dans les publications où le drame est évoqué, notamment le Mémorial polynésien. Teina alerta de suite sa troupe qui accourut pour encercler la grotte et y pénétrer. Dans la cavité, ils trouvèrent seize personnes, dont quatre enfants. Mais ils firent aussi des découvertes bien plus macabres : des débris d'ossements humains, une chevelure blonde qui devait appartenir à la femme du capitaine, une moitié d'enfant desséchée et accrochée en guise de fétiche ou de trophée à un bâton, et des crânes avec des ouvertures taillées en forme de triangle, crânes dont on avait extrait les cerveaux pour les manger. Tous les cannibales furent bien entendu arrêtés sur le champ, y compris les femmes et les enfants et un certain nombre des macabres trophées furent ramenés pour servir de preuves devant le tribunal. La Julia s'ancra dans la rade de Papeete le 5 août 1857, les cannibales, dont trois étaient morts durant le trajet, étant de suite conduits à la prison, alors qu'une foule très dense s'était massée sur le rivage pour voir ces gens encore assez sauvages au point de manger d'autres êtres humains, comportement qui scandalisait les Tahitiens très hostiles à ces Paumotu arriérés et cruels. A l'époque, un photographe fut chargé de les prendre en photo, mais il n'y avait pas assez de lumière dans la prison et il fut convenu de transférer les meurtriers dans le jardin de la maison du photographe. Evidemment, un cortège de Tahitiens suivit ce transfert, mais les terribles cannibales faisaient à vrai dire plus pitié que peur, d'autant qu'ils croyaient qu'on les emmenait à la potence après leur bref séjour en prison. Des épaves couvertes de vermine Une jeune Tahitienne fut émue de voir trois femmes quasiment nues parmi ces prisonniers et, trouvant la scène indécente, elle alla chercher chez elle trois robes qu'elle leur offrit. Ce fut le signal qui déclencha un vaste mouvement de solidarité envers ces êtres misérables ; les Tahitiens s'éparpillèrent dans Papeete et revinrent avec des fei cuits, des oranges, des cocos, des poissons, ce qui mit un peu de baume au cœur des Paumotu enfin rassurés. Non, ils n'allaient ni être tués, ni être dévorés. Bien au contraire, ils purent manger autant qu'ils le voulurent, probablement plus que jamais dans leur vie et ce à la plus grande satisfaction des Tahitiens à qui ces cannibales faisaient décidément de plus en plus pitié. Il faut dire qu'ils n'avaient rien de fiers guerriers : leurs cheveux grouillaient de vermine ; maigres, ils étaient couverts de boutons, avec une peau sèche, écaillée et ulcérée, sans compter les plaies purulentes qu'ils arboraient. Ils étaient plus des épaves eux-mêmes que des êtres humains. Sans ressources à Tematangi, ils avaient le plus grand mal à survivre et d'après ce que déclara leur aîné, Temaheva, ils venaient d'une terre riche, avec des arbres, des fruits, des animaux ; leur origine précise était un village nommé par eux Afaïti, nom incertain dans leur mémoire ; ils en avaient autrefois été chassés, du temps de leurs pères, par d'autres venus de Hitia'a. C'est tout ce qu'ils savaient de leur passé. Face à ce double drame humain, celui des dix-sept personnes à bord de la Sarah Ann et celui de ces quelques survivants sous-alimentés, les autorités françaises décidèrent de faire montre de clémence et d'épargner la vie de tous les cannibales, qui échappèrent ainsi à la pendaison. Mais en revanche, compte-tenu de la tragédie de la Sarah Ann et de la pauvreté de l’atoll de Tematangi, il fut décidé que les prisonniers n’y seraient pas renvoyés. Ils demeurèrent donc à Tahiti, leurs enfants étant confiés à des familles d’accueil… Commentaire de Cuzent, le pharmacien de Papeete à propos du fait que les cannibales échappèrent à la potence : “C’est là un acte de haute humanité qui honore le Protectorat de la France”. Qui étaient ces cannibales ? Gilbert Cuzent, le pharmacien de Tahiti, était également photographe et il a pris un cliché des neuf adultes ramenés de Tematangi. Il a également soigneusement recueilli leur nom : Mapuhia, père du roi ; Kahiveroa, le roi ; Turoa un homme adulte qui décéda deux jours plus tard à l’hôpital ; Temaheva, un vieillard avec les cheveux roux qui se disait originaire de Tahiti (il mourut quinze jours plus tard à l’hôpital) ; Marake, Hohaia, mère du roi ; un homme adulte, Tokahia ; deux femmes, Tahuroa Vahine et Temahu Vahine. Bien entendu, le terme de “roi” attribué à celui qui était le chef de cette petite communauté doit être relativisé puisqu’il ne régnait jamais que sur une poignée de sujets affamés et misérables, sur un atoll qui leur offrait à peine de quoi survivre. Gilbert Cuzent raconte Gilbert Cuzent, pharmacien bien connu à Papeete en ce milieu du XIXe siècle, a laissé un témoignage sur ce que les marins de la Julia ont découvert sur l’atoll de Tematangi : “Arrivés à Tematangi, les indigènes pénétrèrent au milieu des fourrés à pandanus et, faisant le tour de l’île, ils se rencontrèrent sans avoir rien trouvé. Pendant ce temps, le chef Teina, demeuré seul parce qu’il avait laissé aller devant les éclaireurs, se disposait à rejoindre ses compagnons, lorsque le bruit d’un caillou qui roule attira son attention ; il aperçut alors entre des blocs de coraux amoncelés une main qui travaillait à les écarter pour déblayer l’entrée d’une cavité souterraine. Les naturels de Tematangi n’entendaient plus de bruit, crurent au départ des étrangers et s’apprêtaient à sortir de leur cachette. Au cri de ralliement poussé par Teina, tous ses compagnons accoururent et l’aidèrent à se frayer un passage dans la cavité. Là, se trouvèrent seize personnes dont quatre enfants, qui furent amenés à bord de la Julia. Des débris d’ossements humains, une chevelure blonde qu’on suppose avoir appartenu à la femme du capitaine, une moitié d’enfant desséchée au soleil et plantée au sommet d’un bâton pour servir de fétiche, des dents et des phalanges furent retrouvées dans l’île. Les crânes avaient été taillés triangulairement pour en extraire le cerveau. Beaucoup de ces débris et la chevelure blonde furent emportés à Tahiti. La Julia mouilla dans la rade de Papeete, n’ayant plus à bord que 13 prisonniers, trois étant morts dans la traversée, mais apportant la triste certitude du désastre de la Sarah Ann.” Le Milan fait chou blanc Exilés de Tahiti quelques décennies avant le drame de la “Sarah Ann”, les habitants de Tematangi étaient plus des naufragés eux-mêmes que de robustes Paumotu capables de s’adapter à leur environnement. Le premier navire envoyé à Tematangi était le Milandont l’enseigne auxiliaire Xavier Caillet mènera l’exploration de l’atoll. Il ne trouva personne et établit à son retour un rapport dont voici quelques extraits : “J’avais sous mes ordres la baleinière et le canot major armé en guerre ; ces deux embarcations, outre le personnel ordinaire, contenait un supplément de douze Canaques. Pour ne pas effrayer les habitants de Tematangi, comme le prescrivaient vos ordres, tous les hommes, à l’exception de trois dans la baleinière, et de dix dans le canot major, étaient couchés avec leurs rames au fond des canots. Nous aperçûmes sur la pointe gauche de la passe, dans un endroit sans végétation, deux tentes dont les rideaux en mousseline blanche, étaient déchirés par bandes, un peu plus loin, les restes presque fumants de deux cases formées par les débris d’une embarcation. Tout était dans un grand désordre et indiquait qu’un drame terrible avait dû se passer sur cette langue de terre, des effets européens souillés et déchirés gisaient pêle-mêle sur le terrain, j’y ai même ramassé des cheveux ayant appartenu probablement aux victimes des cannibales”. “Je leur fis même offrir du biscuit” Caillet parvient à passer le récif et à entrer avec ses embarcations dans le lagon : “Aussitôt dans le lac, je fis mettre le cap sur les pirogues et les cases que nous avions aperçu la veille ; cette route me permettait de suivre la côte à 70 m du rivage et par une profondeur de 5 brasses d’eau. En arrivant près des cases, d’après vos ordres Commandant, je fis crier en canaque aux Paumotu de cette partie que je désirais avoir des relations amicales avec eux, que j’étais venu pour leur demander différents renseignements. Je leur fis même offrir du biscuit s’ils voulaient venir me parler. N’ayant obtenu aucune réponse, je descendis à terre, accompagné de M. Wichmann et de deux Canaques armés de sabres et de pistolets. Je recommandais au patron de la baleinière de se tenir à longueur de touée mais sans échouer, les armes prêtes. Nous aperçûmes d’abord une petite pirogue ou plutôt une baleinière à balancier. Cette pirogue faite avec des bordages épais, cousus les uns au-dessus des autres, pouvait avoir environ 1m 30 de creux, 5 mètres de long et tout au plus 60 cm de large. A quelques pas dans les pandanus, M. Wichmann aperçut un bateau de même forme que la pirogue mais sur un bien plus grand modèle, elle n’était pas encore achevée, malgré cela, sa longueur était de 9 mètres, sa largeur de 1 mètre et son creux de 1m 50. Cette pirogue était construite avec des bordages de navire, une partie de la carène était bien doublée en cuivre et le clouage ainsi que le travail en général annonçait une main exercée, ce n’était pas l’œuvre d’une Canaque paumotu. Là aussi nous trouvâmes des morceaux de chemise en mousseline, mais sans marque, des barriques, des boîtes de conserve en fer blanc, du fil de caret en quantité. Je voulais poursuivre mes recherches, mais le jour baissait et le pavillon de ralliement nous rappelait à bord, nous nous rembarquâmes sans rien brûler pour essayer de gagner la confiance des habitants qui suivaient probablement nos mouvements à petite distance”. Cases et pirogues brûlées Après trois jours de fouilles infructueuses, ce ne sont pas les preuves du passage des naufragés qui manquent : “Dès le point du jour, je descendis à terre. M. Wichmann qui, lui aussi, avait pris à cœur cette expédition, me fit remarquer des traces de pas sur le rivage. Les Paumotu nous avaient surveillés pendant la nuit. La case de la veille avait disparu. Je pris toutes les précautions possibles pour ne pas être surpris pendant notre œuvre de destruction. Des oiseaux inquiets nous montraient que nous étions surveillés de près par les habitants. Je fis faire les mêmes sommations que la veille, et aucune réponse n’ayant été donnée, je fis abattre et brûler la grande tente, démolir et jeter au feu trois pirogues, le gui, plusieurs filets de pêche, un coffre de matelot, plusieurs barriques, des effets déchirés de femmes et d’enfants, une case faite avec des morceaux d’embarcation. Je fis mettre dans la baleinière des cheveux tressés, une boîte d’ortant, un soulier de jeune homme, un bas d’enfant, un couteau de table, des outils de charpentier, un coffre de matelot et la serrure d’un autre, une cuvette de compas, un double canon de fusil de chasse, etc. M. Wichmann découvrit des feuilles de code maritime allemand, un Canaque m’apporta une bobine de fil blanc”. Caillet, malgré son acharnement, ne trouva pas trace de vie et fit brûler encore une dizaine de fare et de pirogues avant de retourner à bord du Milan, tout en ayant laissé un avertissement écrit aux habitants de Tematangi, un document d’une page ; reste à savoir si ceux-ci étaient capables de le lire et de le comprendre, puisqu’il les menaçait, entre autres, d’envoyer un navire de guerre français en cas de nouvelle attaque contre un bateau. Caillet conclut son rapport en étant assez naïf pour croire que les Paumotu de l’atoll avaient certes massacré les adultes qui étaient naufragés à bord de la Sarah Ann mais il pensait que les enfants, eux, avaient été adoptés : “un jour enfin, le capitaine et les siens auront été surpris et probablement massacrés à l’exception des enfants que les Paumotu auront adoptés”. Hélas, les enfants aussi furent tués et dévorés... Tematangi aujourd’hui Situé par 21° sud et 140° ouest, l’atoll de Tematangi est rattaché à la commune de Tureia. La petite île mesure 7,7 km2 de superficie de terres émergées et abrite une soixantaine de personnes regroupées au sein du petit village de Tuihana. L’atoll de Tematangi fut découvert le 11 juillet 1767 par Philippe Carteret (qui la nomma “île de l’évêque d’Osnabrück”) ; le célèbre capitaine Bligh la visita le 5 avril 1792, à son retour à Tahiti après la mutinerie de la Bounty en 1789 (lui aussi lui donna un nom : la “Bligh’s Lagoon Island”). L’atoll ne compte pas d’aérodrome ni de passe permettant à des cargos d’entrer dans le lagon. Il est situé à 121 km à l’ouest de Moruroa et à 985 km de Tahiti. De forme triangulaire, l’atoll mesure 11,5 km dans sa plus grande longueur et 7 km en largeur. Le basalte du volcan à l’origine de Tematangi se trouve aujourd’hui à 625 m de profondeur (volcan formé il y a environ 45 millions d’années). Particularité de Tematangi, à quelques miles marins près, elle se situe aux antipodes de la Ka’aba, la pierre sacrée de La Mecque...
et tu sais si les pensions dans les Marquises résistent ? Car elles sont fragiles avec peu de capacité d'hébergement. J pense par exemple à Pukue à Ua Pou ...
Liste des hôtels temporairement fermés en PF
Conrad Bora Bora Nui Resort Du 6 février au 31 mars 2021 Four Seasons Resort Bora Bora Du 3 février au 31 mars 2021 St Regis Bora Bora Resort Jusqu’au 31 mars 2021 InterContinental Bora Bora Resort & Thalasso Spa Du 6 février au 31 mars 2021 InterContinental Bora Bora Le Moana Resort Du 5 février au 31 mars 2021 Le Bora Bora by Pearl Resorts Du 15 février au 30 avril 2021 Royal Bora Bora Du 5 février au 31 mars 2021 Sofitel Kia Ora Moorea Beach Resort Du 7 février au 31 mars 2021 Hilton Moorea Lagoon & Spa Du 10 février au 31 mars 2021 Le Taha’a by Pearl Resorts Du 1er mars au 30 avril 2021 Royal Huahine Du 3 février au 31 mars 2021 Kia Ora Resort & Spa - Rangiroa Du 8 février au 31 Mars 2021 The Brando Jusqu’au 31 mars 2021
Les décès liés au Covid étudiés
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Tahiti, le 3 février 2020 – La plateforme Covid du Pays a publié mercredi une étude sur le profil des patients polynésiens décédés alors qu'ils étaient atteints du coronavirus. L'âge et les facteurs de risque, principalement les antécédents cardiovasculaires, sont très largement prépondérants. L'étude est certes assez glauque, mais elle confirme les inquiétudes des autorités sanitaires locales sur le profil des personnes à risque dans l'épidémie de Covid-19. La plateforme Covid du Pays a diffusé mercredi, dans son point de situation hebdomadaire, un bilan détaillé du profil des patients polynésiens décédés alors qu'ils étaient atteints du coronavirus. Le bilan étudie l'âge et le profil médical des 125 premiers décès liés au Covid-19 en Polynésie française. Livrés bruts de décoffrage, les chiffres confirment que les personnes âgées comptent parmi les plus à risque dans cette épidémie. 76% des patients atteints du Covid décédés étaient âgés de plus de 65 ans et 56% d'entre eux de plus de 75 ans. Chez les plus jeunes, seuls 3% des patients décédés –quatre personnes– avaient moins de 44 ans. Et pour ces quatre victimes, tous les patients étaient atteints d'une ou plusieurs comorbidités, qu'il s'agisse d'antécédents de déficit immunitaire, diabétique ou de forte obésité. 95% des patients avaient des comorbidités Autre constat sans appel, 95% des patients qui ont succombé au Covid étaient atteints d'au moins un "facteur de risque". Seule une personne sur vingt est donc décédée du Covid alors qu'elle était en bonne santé. Dans le détail, ce sont les patients présentant des antécédents cardiovasculaires (85%), loin devant les patients diabétiques (35%) qui ont le plus souvent été victimes d'une infection au coronavirus. À l'inverse, les fumeurs (4%) ou les patients hémodialysés (6%) comptent parmi les moins "vulnérables" des victimes de l'épidémie au fenua. Enfin, une statistique assez étonnante, déjà observée ailleurs dans le monde, semble confirmer que les hommes et les femmes ne sont pas égaux face au virus. En Polynésie française, 70% des patients décédés alors qu'ils étaient atteints du Covid-19 étaient des hommes. La baisse de l'épidémie dans les îles confirmée Le bulletin épidémiologique hebdomadaire de la plateforme Covid du Pays confirme la "poursuite de la décroissance globale de l'épidémie à l'échelle du Pays" avec 170 nouveaux cas confirmés en une semaine. On constate également une diminution globale des hospitalisations, en particulier en réanimation. Mais surtout, le taux d'incidence est en baisse depuis maintenant deux semaines dans tous les archipels de la Polynésie française. La circulation du virus reste "active" uniquement à Raiatea et Bora Bora et des clusters sont encore enregistrés à Huahine, Rangiroa, Fakarava, Tubuai et Raivavae.
Autre article faisant le point sur la situation sanitaire en particulier dans les îles.
Incompréhension et colère pour les acteurs du tourisme à Moorea
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Moorea, le 2 février 2021 - Apres la décision du gouvernement central de fermer les frontières pour les voyages touristiques, les acteurs du tourisme, notamment les hôteliers et les propriétaires de pensions de famille, ne décolèrent pas. Ceux-ci estiment en majorité que cette décision n’était pas cruciale au vu de l’efficacité du système des autotests Covid-19 pour les touristes français et étrangers. Cette décision ne viendrait au contraire qu’aggraver une situation économique et touristique déjà très difficile. Nathalie Perelli, propriétaire de l’hôtel Hibiscus "Tout dépendra des réservations de nos résidents" Nous sommes à Moorea depuis 28 ans. C’est la première année qu’on a un tourisme aussi catastrophique en raison de la crise de Covid-19. L’annonce faite vendredi par le gouvernement français est une catastrophe pour nous les hôteliers de la Polynésie française. Dès lundi matin, les annulations sont tombées comme des goutes de pluie. Le salon du tourisme nous sauve un petit peu parce qu’on est très connu de nos résidents et de nos locaux. On a pas mal de réservations mais c’est surtout pour un week-end, un jour férié ou pour des vacances scolaires. C’est très calme pendant la semaine. On s’en est sorti en 2020 parce qu’on a pu faire une performance moyenne pour la période de haute saison. On s’en sort aussi parce qu’on n’a pas de crédit. Tout le staff est en réduction de temps de travail, y compris nous (la direction). On a demandé le PGE (plan garanti par l’état) mais on ne s’en est pas encore servi. C’est vraiment catastrophique si on reste fermé pour 2 ou 3 mois. Vu qu’on n’a pas de crédit et qu’on a un peu de trésorerie, on pense qu’on va tenir. Mais tout dépendra des réservations de nos résidents. Pierre Tessier, pension de famille Fare Edith "Est-ce qu’ils vont mettre en place des aides ?" La fermeture des frontières est une décision du gouvernement central. S’ils l’ont décidé, c’est qu’ils ont des idées. On ne peut que subir. Dans ces conditions, parlons aides, économies et de tout ce que les pensions de famille et les petites industries payent au territoire. Il faut payer aussi les banques. Que le président Macron et le haut-commissaire nous disent comment faire ? Est-ce qu’ils pourront aider tout le monde ? Si oui, ce serait une bonne chose de fermer les frontières. Comment vont-ils aussi faire pour Air Tahiti Nui ? Est-ce qu’ils vont lui donner des milliards pour les transports aériens. C’est la seule compagnie aérienne que nous avons. Qu’elle ne tombe pas à l’eau. Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est l’impact de la décision du président Macron sur note vie actuelle. Si ce dernier peut fermer les frontières, cela voudrait dire qu’il peut ouvrir le portefeuille français. Il ne suffit pas de dire de fermer les frontières et de faire attention. Est-ce qu’ils vont mettre en place des aides au niveau du territoire pour toutes les petites entreprises ? C’est la question qu’il faut poser. On a déjà 4000 emplois de perdu. Erick Del Olmo, pension de famille Fare Arana "La fermeture des frontières n’est absolument pas la bonne décision" "On n’est pas content de cette décision du gouvernement français parce qu’on vit entre parenthèses depuis l’année dernière. Tous ces gens là ne se rendent pas compte qu’on a des prêts sur le dos. Vu que 80 % de notre clientèle est internationale, on ne pourra plus vivre tout simplement. Fermer et n’avoir plus d’avions sur Tahiti va entrainer, à terme, notre mort. On tient jusqu’à présent, mais pour combien de temps encore ? On a tenu pendant la période du Covid grâce à la clientèle locale et certaines aides, mais on ne les a pas toutes eues. On n’a pas tous le droit aux aides. A force de pomper sur l’argent personnel, on arrivera à un moment où on n’aura plus rien. A ce moment là, on ne pourra plus tenir. La fermeture des frontières n’est absolument pas la bonne décision. La bonne est celle de laisser tout simplement vivre les gens. Il y a des tests sans arrêt mais ils ne servent à rien car de toute façon, la Covid est là. Rien ne va changer, à part la situation économique qui va être encore pire. Il faudrait que les gouvernements se rapprochent des banques pour que ces dernières nous « aident » en repoussant les aides et les intérêts. Si le gouvernement ne fait rien avec les banques, ca sera la mort assuré pour 80 % des gens qui ont des prêts au niveau commercial." Roland Imfeld, pension de famille Linareva Beach Resort "Ca va être une catastrophe" "La décision du gouvernement français est injuste. Si cela touche la France métropolitaine, je peux comprendre. Mais pour la Polynésie non. Les mesures qu’on a mises en place au niveau des tests me paraissaient très satisfaisantes. On a vu les résultats. Je ne vois pas pourquoi on devrait changer aujourd’hui. Les statistiques polynésiennes montrent qu’on est arrivé à un niveau tout a fait acceptable. Si à la limite, les Français n’ont plus le droit de voyager à cause des nouvelles souches de Covid19, pourquoi pas ? L’absence de touristes français va impacter plus ou moins notre pension. Mais si on ferme avec les Etats-Unis et qu’on a plus d’Américains, on ferme. Ca va être une catastrophe. La clientèle locale ne va jamais permettre de vivre normalement parce qu’on a des frais fixes, des prêts,… Si les frontières se ferment jusqu’à fin mars, ca devrait le faire pour nous. Au delà, ce n’est pas possible. Les touristes français représentent 30 % de notre clientèle, 20 % pour les Américains, 20 % pour les résidents et le reste vient des autres pays. Le salon de tourisme virtuel ne nous apporte pas beaucoup parce que les gens qui viennent chez nous sont des habitués. Ca peut aider, mais pas plus que ça."
Un article de la revue Tahiti infos que vous pouvez facilement trouver en ligne. la revue fourmille d'autres nouvelles du Fenua mais aussi de la Grande région, Îles Cook, Tonga, Nouvelle Zélande, Australie,etc.
Dans un mois, nous partons à Kauehi, un atoll proche de Fakarava et de Aratika, situé à l' intérieur de la Zone de Biosphère créée spécialement dans les Tuamotu nord il y a quelques années.
Je ferai mon carnet ici pour vous tous. Kauehi est un petit bijou, pas très fréquenté car il faut y rester une semaine ( un seul avion hebdomadaire ). Une seule pension et un grand bol d'air et de liberté, tout ce que l'on recherche en ce moment.
Les Tuamotu se visitent un peu toute l' année car elles sont moins touchées par le mauvais temps que les Îles sous le Vent, les Australes ou les Gambier.
Les bonne périodes : septembre et octobre, puis février à juin.
A bientôt vous lire et échanger avec tous ceux qui le veulent.
Votre serviteur sera vacciné pour la seconde fois le 11 février. Un privilège actuellement surtout quand on voit comment débute la vaccination en France. Nous aurons un carnet vaccinal ( transformable en passeport ) délivré par les autorités de santé. Je vois que certains pays ( Seychelles actuellement, Grèce à partir de mai, Israël à partir de mai.., Danemark et Norvège actuellement pour accès aux restaurants ou bars actuellement ) commencent à mettre en place ce passeport.
Je pense qu'il sera réclamé ici aussi le moment venu même si la France est contre actuellement pour des raisons d'équité et d'égalité entre tous... On ne commentera pas !!!
Bonjour à tous,
Je reviens vers vous tous grâce à ce petit coin de site très spécial destiné aux voyageurs désireux de partir ou de repartir vers la Polynésie ou simplement curieux de ce Territoire grand comme l' Europe de l' Ouest mais tou petit au milieu des immense pacifique Sud.
Je suis anciennement Moana ( sur le site VF actuellement en sommeil, et sans doute pour quelque temps encore ). Mon nouveau nom de plume est en haut de ce message.
En ces temps difficiles, je vous donnerai toutes informations nécessaires pour vous tenir au courant des derniers rebondissements liés à la pandémie et qui affectent gravement la Polynésie.
Vous pourrez ainsi programmer vos futurs voyages et achats de billets pour venir ou revenir à Tahiti.
La situation n' est pas terrible actuellement, alors qu'il y avait une éclaircie, enfin, au niveau des réservations de billets multi-îles de Air Tahiti et au niveau des réservations de pensions et hôtels dans les îles et à Tahiti et Moorea. Tout repartait doucement et puis, patatras, la France a décidé autoritairement de bloquer tout déplacement vers Tahiti qui ne serait pas pour motifs impérieux. Idem d'ailleurs dans l' autre sens. Nous résidents locaux sommes aussi bloqués sans possibilité de sortir du Territoire, normalement pour 2 mois ( les autorités polynésiennes sont catastrophées par l' impact de cette décision sur le tourisme et sur l' économie du territoire qui en dépend) mais il y a discussion serrée avec la France qui voudrait 3 mois.
Tout cela à partir du mercredi 3 février.
Vous pourrez donc faire le décompte des semaines et des jours, et, à l'occasion, faire des réservations pour le mois de mai.
L' autoritarisme du PM Castex qui ne connait rien aux DOM et TOM irrite beaucoup ici où l'on subit les diktats de Paris sans avoir de possibilité de manoeuvrer. C 'est du gâchis et un mauvais coup porté aux relations entre la France et la PF où le sentiment indépendantiste peut rapidement affleurer à la surface, même chez ceux qui étaient jusqu'à présent des autonomistes ouverts.
Pour revenir au voyage à proprement parler au départ de Roissy ( ou Orly pour French Bee ), c' est le parcours du combattant avec des contrôles à tous les postes. Deux personnes arrivées à Tahiti sans le motif impérieux ont été gardées sous douane et remises dans l' avion dans l' autre sens. Donc inutile de tenter sa chance actuellement. Tout est bouclé.
Pourtant le territoire résiste bien à l' épidémie qui est en chute lente mais régulière. un miracle quand on sait combien il y a ici de pathologies lourdes qui, combinées au COVID 19, peuvent entraîner la mort. Eh bien non, ce que certains craignaient ne se produit pas actuellement.
Le couvre-feu est maintenu à Tahiti et Moorea de 21 heures à 4 heures du matin. On porte le masque au centre de Papeete et dans les centres commerciaux ou magasins et c'est tout. Les plages sont ouvertes, le lagon est un cadeau précieux en ces temps de restrictions et d'interdictions. La France a mis la pression sur le gouvernement local en faisant du catastrophisme lié à l' arrivée inéluctable des variants qui enverrait davantage de gens en réanimation, etc... d'où les décisions récentes et la décision de la PF de se confiner sur fond de mauvaise humeur.
La vaccination a commencé, mais le territoire dépend une fois de plus de la France qui a apporté par vol militaire en Nlle Calédonie puis en Polynésie française un certain volume de doses vaccinales qui parait insuffisant actuellement. Il faudrait une nouvelle livraison en milieu de mois, mais arrivera-t-elle ?
Le Territoire envisage de traiter directement avec la Chine pour une livraison de vaccins chinois par vol spécial ATN vers Pékin. Tout cela risque de déplaire à Paris...
Je vous retrouve tout de suite dans un autre post.
La situation sanitaire à ce jour, 5 février 2020
Je viens de voir un magnifique documentaire :
RURUTU, les nouveaux guerriers.
A voir sur France3.
Quand on regarde sur Google, c’est un point minuscule au sud de Tahiti. Les habitants sont extraordinaires, gardant leurs traditions et vivant presque en autarcie.