Epargnés par la pandémie depuis un an, ces deux petits territoires isolés et qui n' étaient en contact aérien qu' avec la Nouvelle Calédonie, et à doses très homéopathiques, se retrouvent tout d'un coup avec plusieurs dizaines de cas de COVID-19. la situation sème la confusion et un petit vent de panique au sein d'une population à risques et qui ne dispose que de quelques lits de réanimation.
" On n'a pas du tout l'habitude de porter un masque mais plus l'épidémie progresse, plus les gens respectent les gestes - barrière. Nous vivons dans la peur ", a confié à l'AFP Malia-Losa Siakinuu, retraitée de l'enseignement.
" On s'inquiète car on sait qu'on ne dispose ni de personnel ni de matériel hospitaliers suffisants pour un nombre de malades en augmentation ", a-t-elle ajouté.
Le tout premier cas autochtone de Covid-19 a été détecté samedi dans le petit archipel polynésien d'environ 11.500 habitants, avant que les chiffres ne s'emballent.
Entre mercredi et vendredi, le nombre de cas a plus que doublé, passant de 67 à 146, dont deux en réanimation, pour plus d'un millier de tests effectués.
Un confinement "strict et contrôlé" a été décrété pour deux semaines par l'administration supérieure (préfecture) tandis que des mesures sont prises pour isoler les personnes positives à leur domicile ou à l'hôpital.
Tous les établissements scolaires sont fermés, les vols entre Wallis et l'île soeur de Futuna ont été suspendus et les dernières messes ont été célébrées dimanche dans ces îles où religion et coutume fondent l'identité.
Alors que depuis environ un an, une quatorzaine en hôtel est obligatoire pour tout passager arrivant dans l'archipel dont la sortie est conditionnée à deux tests PCR négatifs, les habitants s'interrogent sur la faille qui a finalement permis au virus d'entrer.
Le premier patient décelé samedi, employé dans un collège, était, selon les autorités, arrivé à Wallis le 18 janvier et était sorti de quatorzaine le 31 janvier après deux tests négatifs.
Cet homme, évacué depuis dans un état grave en Nouvelle-Calédonie, aurait donc contracté le Covid-19 dans l'archipel où, de source médicale, on estime que le virus circulait à bas bruit depuis plusieurs semaines.
Des informations communiquées par les autorités calédoniennes indiquent que ce malade " aurait développé les premiers symptômes mi-février ". A l'époque, il n'aurait pas été soumis à un test PCR.
Joints par l'AFP, des habitants font état " d'une épidémie de grippe avec des maux de tête et de la toux depuis début février, sans que des tests Covid-19 soient prescrits ".
" Il y a du y avoir une faille dans la gestion des quatorzaines puis un relâchement dans les tests ", estime un fonctionnaire de Nouvelle-Calédonie où le virus s'est propagé, en raison de la bulle sanitaire qui avait été mise en place avec Wallis et Futuna, distantes de 1.800 km.
Jeudi, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a indiqué dans une déclaration officielle à la télévision publique de l'archipel " qu'une enquête sanitaire était en cours et que ses conclusions seraient rendues publiques ". " J'ai donné pour consigne la plus grande transparence ", a-t-il ajouté.
Compte tenu de l'urgence de la situation, M. Lecornu a annoncé l'envoi dans les prochains jours " de pas moins de 18.000 doses de vaccins, une quantité suffisante pour vacciner toutes les personnes majeures qui le souhaiteront à Wallis et Futuna".
Des renforts humains, " plus de 50 professionnels de santé ", et matériels, dont 16.000 tests, sont également en cours d'acheminement pour renforcer les capacités hospitalières limitées.
"A Futuna, nous avons un lit de réanimation", a indiqué à l'AFP le directeur de l'hôpital Patrick Guillemin, alors que celui de Wallis en aurait deux et une quinzaine de respirateurs.
La progression du virus inquiète d'autant plus que les habitants de Wallis et Futuna présentent un nombre important de co-morbidités qui les rend particulièrement vulnérables. Selon une enquête publiée en 2020, 70% de la population souffre d'obésité, 25% de diabète et environ 30% d'hypertension.
On croise les doigts pour eux ...
Lancement d'une campagne massive de vaccination à Wallis et Futuna
Elle concerne toute la population majeure sans distinction et devrait être menée à l' accéléré dans les 3 semaines à venir. Le nombre de cas recensés atteint 291 personnes, dont 9 à Futuna. " L'idée générale est de vacciner massivement et rapidement la population, seule réponse à l' éradication rapide du virus. Nous ne sommes pas dans une priorisation comme en Métropole ", a déclaré à l'AFP Hervé Jonathan, administrateur superieur (préfet) de ces îles françaises d'environ 11.500 habitants. 12 patients sont hospitalisés dont un en soins intensifs. Le premier cas local détecté le 6 mars et qui ne pas serait le patient zéro selon les investigations en cours, a été évacué la semaine dernière en Nouvelle-Calédonie et est en réanimation. Samedi, devant les caméras de télévision, le Lavelua (roi de Wallis), Patalione Takumasiva, a été l'un des tout premiers à se faire vacciner au sein du palais royal dans ce territoire où l'autorité des chefferies traditionnelles polynésiennes et celle de l'église catholique sont prépondérantes. Puis les membres des chefferies ainsi que l'évêque l'ont imité afin de rassurer la population, très à risque car touchée par de nombreux facteurs de co-morbidités tels que l'obésité, le diabète et l'hypertension. Cette campagne est orchestrée avec l'appui d'importants renforts de la réserve sanitaire arrivés mercredi de Métropole avec 72 soignants, 18.000 doses de vaccin Moderna ainsi que plusieurs tonnes d'équipement médical. L'archipel dispose de moyens sanitaires très limités et 35 des 200 personnels de l'hôpital de Wallis ont été testés positifs au coronavirus. Trois centres de vaccination ont été ouverts sur l'île de Wallis alors que les injections se feront au sein des villages à Futuna.
D'ici trois semaines, les quelques 8.000 personnes majeures de Wallis et Futuna devraient avoir reçu au moins une dose de vaccin. Le confinement, en vigueur depuis le 9 mars pour deux semaines à Wallis et Futuna, a été prolongé jusqu'au 6 avril.
Mince ! 😪