Ce sont les Editions Haere Po qui se sont chargées de publier en langue française un dictionnaire ( et grammaire afférente ) selon le dialecte en usage aux Marquises de William Pascoe Crook, Samuel Greatheed et Timautete à la fin du 18ème siècle.
Le manuscrit d' origine de ce livre existe toujours à Londres, a été publié en 1998 en Nouvelle-Zélande et parait en Polynésie en ce début 2021, traduction de Jacques Iakopo Pelleau et travail de maquette tout à fait exceptionnel par Michael J. Koch.

Cet ouvrage unique donne une grande visibilité aux mots traduits en français, en marquisien. Au total, le lecteur pourra découvrir 1 125 entrées et apprécier l' évolution graphique et orthographique de la langue marquisienne, jusqu'à la manière d'écrire prônée par l' Académie marquisienne depuis octobre 2001, et revue et précisée depuis 2020.
Crook, Greatheed et Timautete sont les co-auteurs de l' ouvrage.
Au tout début, il y avait la façon d’écrire la parole marquisienne selon Crook, Greatheed et sans doute Timautete, il y a plus de deux siècles à Londres, dans le cadre de la London Missionary Society.
Voici ce que dit notre traducteur émérite : " En devenant écriture, la parole est réduite, elle perd sa sonorité et son rythme, elle perd les mimiques du visage et du corps. Elle devient lettres et mots."
Pour entendre la parole en lisant, "Il suffit de regarder les différentes manières d’écrire."
Revenons un peu en arrière dans le temps...
Timautete était le dernier fils d’une grande famille de chefs de la tribu des Hema de Vaitahu à Tahuata. En décembre 1798, Timautete est embarqué en tant que mousse à bord du baleinier anglais Butterworth et débarque à Nukuhiva. Il a alors 15 ans.
Il rencontre Crook, un Anglais âgé de 23 ans. En janvier 1799, ce dernier rentre en Angleterre et emmène avec lui Timautete et un autre jeune marquisien, Hikonaiki.
Tous trois arrivent à Londres le 19 mai 1799.
Timautete est pris en charge par Greatheed, un des directeurs de la LMS. Celui-ci vient de publier le récit du Duff et s’intéresse donc aux témoignages qui arrivent directement des Marquises. Le Duff est un navire de la LMS, avec à son bord de nouveaux missionnaires, qui avait mouillé dans la baie de Matavai le 5 mars 1797.
Timautete accepte avec enthousiasme de participer au grand projet linguistique de Crook et Greatheed dont le but principal - ne soyons pas trop naïfs - est de faciliter l’installation de nouveaux missionnaires aux Marquises.
Il a, selon les Anglais, "un trait de caractère typiquement océanien, d’une évidence si pragmatique qu’elle en paraît insolente ; d’un côté, si le responsable de la publication déplore la pauvreté de la langue de Timautete et celle de ses idées, il relève d’un autre côté une répartie qui n’est pas une simple anecdote ".
Les mots listés dans l’ouvrage permettent un éclairage exceptionnel sur la société de l’époque. Ils sont en lien avec l’alimentation, les végétaux, les animaux des îles, les mœurs. "Il y a ce mot, qui a été étonnement accepté et qui est pekkeyo", constate Robert Koenig des Editions Haere Po.
" En allant en Angleterre, Timautete s’est étonné des habitudes de vie anglaises. Et notamment du fait qu’un homme ne pouvait avoir qu’une seule femme."
Ainsi, Pekkeyo a été traduit par " serviteur au service d’une femme célibataire ou mariée et cohabitant avec elle ".
L' ouvrage est en vente d'ores et déjà à Tahiti et via Internet si on le souhaite.
Moana
Bon là c'est déjà pointu 😉
Mais ça a le mérite d'exister. Je trove qu'il y a eu un beau regain de la culture Marquisienne ces 10 dernières années et c'est tant mieux